Le Grand Magal de Darou Salam commémore le séjour de CHEIKH AHMADOU
BAMBA à Darou Salam après son retour en exil en 1902. A Darou Salam, Mame Cheikh Anta MBACKÉ eut l’immense bonheur d’organiser les festivités marquant le
retour triomphal de Cheikh Ahmadou Bamba parmi les siens et ses
disciples. Ces festivités demeurées mémorables sont chaque année
commémorées dans la ferveur et l’enthousiasme. C’est le fameux Magal
de Darou Salam qu’on peut considérer comme le premier magal organisé
par la communauté mouride. Que retenir de Darou Salam et la figure
exceptionnelle de Mame Cheikh Anta MBACKÉ. « ... Je vous demande
paix et hafiya ici et au-delà; vous qui êtes paix et hafiya. O Dieu,
vous m'avez gratifié de 1ere que vous avez choisie pour moi. Dans
cette terre, j'ai construit deux maisons ou je vous adore par l'Imam,
l'Islam et l'Ihsan. Je l'ai nommée Darou Salam et Touba par votre
grâce et celui de mon guide Mouhamed. Faites de ces villes des villes
de paix et de pureté ..... » Cheikh Ahmadou Bamba. La création
de Darou Salam à quelques kilométres du village de Mbacke-Baol, en
1884 marque un tournant principal dans la vie de Cheikh Ahmadou Bamba
et une étape capital dans l'histoire du Mouridisme.
I. TOUBA & DAROU SALAM....
Ces
deux villes occupent une place importante dans le cœur du serviteur
du Prophète (PSL) et ont été maintes fois mentionnées et magnifiées
dans ses écrits. Serigne Bassirou MBACKE, un des fils de Cheikh
Ahmadou Bamba, nous rapporte que son père aimait ces deux villes
uniquement parce qu’elles avaient été choisies, élues par DIEU. Ces
lieux n’appartenaient nullement à ses ancêtres, et le Cheikh n’avait
aucune intention d(y chercher la paix et la sécurité pour sa famille,
les terres fertiles ou encore la fuite des attaques d’un roi ou de
l’impérialisme. Le Cheikh avait fondé ces deux villes dans le seul
but d’obéir à son créateur et de lui vouer une adoration sans bornes.
Il ne recherchait que l’agrément de son seigneur en suivant la voie
tracée par le sceau de la prophétie, MOUHAMED (PSL), et ne souhaitant
que vivre et faire vivre l’unicité de DIEU. Ces villes fondées dans
des conditions aussi pures ne peuvent que détenir une sémiologie
incommensurable. Elles renferment beaucoup de signes.
Le
premier signe évident est que DIEU lui-même a inspiré ces deux
appellation au Cheikh, à savoir Darou Salam (cité de la Paix) et Touba
(la Félicité). Après le Prophète Mouhamed (PSL), Touba est l’une
des rares villes à avoir été fondée par un homme de DIEU sur
inspiration divine. Cheikh Ahmadou Bamba choisit un lieu ou nul culte
n’avait encore existé, hormis celui du Dieu unique, Allah. Nous
n’avons nullement l’intention de faire une étude comparative entre
Touba ou Darou Salam et la Mecque ou Médine, les deux villes saintes
glorifiées par tous musulmans de la terre. Sur terre, la Mecque et
Médine constituent les deux points de mire de tous les musulmans et
elles le resteront pour toujours. Il arrive toutefois que certains
lieux deviennent de véritables centres d’attraction spirituelle, en
raison de la motivation et des effets incommensurables déployés par
leurs fondateurs. Ces lieux méritent alors une attention
particulière. «Amine bi darifata TOUBA limas Kanira DAROU SALAM bi Kama MAKA wal MADINA »*
II. Darou Salam et le Magal...
C’est
de Darou Salam que Serigne Touba partait pour fonder Darou Alimou
(Ndame), Darou Marnane et Darou Khoudoss (Touba). En 1888 lorsque
Cheikh Anta Mbacké et Cheikh Ibra Fall allèrent à la recherche du
fondateur mouridisme, c’est à partir de Darou Salam qu’ils avaient
les traces de ses pérégrinations à travers la forêt de Mbafar qui
occupait alentours d’antan. Ils le trouvèrent dans l’emplacement
actuel de la demeure de Serigne Saliou Mbacké. C’est à Darou Salam où
Serigne Touba avait installé sa famille que sont nés Serigne
Mouhamadou Moustapha Mbacké, Serigne Fallou Mbacké et leur sœur aînée
Sokhna Fatou Dia Mbacké. Le premier cimetière du mouridisme a été
tracé dans ce village et ce fut, pendant plusieurs années le seul du
mouridisme où la communauté grandissant enterrait ses morts.
Plusieurs
Cheikhs ont accompli dans ce quartier général initial leur acte de
soumission après les adhésions des prisonniers à Mbacké Cadior et le
village ancestral de Mbacké. Dans l’étude des moments les plus
fatidiques, c’est à Darou Salam que plusieurs faits ont été vécus par
ces grands précurseurs. Après avoir crée la capitale Touba où il est
resté prés de septannées, Serigne avait cédé ce premier village à
son frère Cheikh Anta. Les chroniqueurs ont noté pour la postérité
que le mouridisme ne comptait à l’époque que 106 talibés. De cet
effectif, il en avait retiré six qu’il conservera auprès de lui :
Serigne Massemba Diop Same, Mame Thierno Birahim Mbacké et Serigne
Ahmadou Mandoumbé Mbacké. Tous les 99 autres restants ainsi que la
concession qui était construite et tout le reste du village passèrent
sous l’autorité de Mame Cheikh Anta Mbacké. Le mausolée de Mame
Cheikh Anta est situé aujourd’hui sur le lieu où fut posée la
première case que Serigne Touba avait édifiée. Quant à la grande fête
furent les festivités durant toute une semaine en janvier 1903, elle
revêtait surtout dans l’histoire naissante du mouridisme, le symbole
de la consécration de Serigne Touba.
III. Mame Cheikh Anta Mbacké Borom Darou Salam
Signe
de grande confiance du MAITRE : l’élève allait recevoir en apanage
Darou Salam, le premier sanctuaire fondé par Khadimou Rassoul dans sa
quête de la solitude nécessaire à son vœu de se consacrer au culte
exclusif de DIEU et au service de son Elu (P.S.L.) Signe que l’élève
méritait cette confiance investie en lui : il allait consacrer sa vie,
son énergie et son immense fortune au service du Maître. Il s’est
d’abord employé à démultiplier l’enseignement du Maître. Dans ce
domaine, il s’est montré si efficace que bientôt il reçut l’allégeance
d’une foule nombreuse de talibés. Il les organisa en daaras
productifs et prospères à l’image de Gawane qu’il fonda en 1905 non
loin de la localité de Bambey. En tant qu’homme d’affaires, il
s’est employé à acquérir une immense fortune qu’il a ensuite mise au
service du développement de la communauté de Cheikhoul Khadim.
Il
est à noter que cet homme très au fait de la charia n’a jamais
employé de moyens illicites dans ses transactions avec ses
partenaires d’affaires. C’est en tout cas son exceptionnelle
prospérité financière et sa propension à faire le bien autour de lui
qui lui valut l’appellation " Borom Dërëm ak Gërëm "
(approximativement traduit cela donne " Celui qui a reçu la
possession, c’est à dire la richesse, et l’onction du Maître ") De
par ses activités d’opérateur économique il avait acquis un solide
réseau de relations. Mais il n’en a jamais abusé pour obtenir des
passe droits ou de privilèges illégaux. Tout juste s’en est-il servi
pour la promotion et la préservation des intérêts de la communauté.
Fidèle
entre les fidèles, Mame Cheikh Anta a été l’une des rares personnes à
avoir rendu visite à Serigne Touba dans son exil gabonais (il l’a
trouvé à Lambaréné). De ce voyage mémorable, il a rapporté des écrits
du Cheikh, un lit qui sera enterré avec sa mère au cimetière de
Dekhelé (où repose Serigne Momar Anta Sally). Il a également rapporté
des directives destinées à Mame Thierno Ibra Faty qui avait en
charge les destinées de la communauté en l’absence du Maître. Il a
surtout rapporté aux talibés la certitude que le Maître était bien
vivant et qu’il allait revenir parmi les siens, contrairement aux
informations distillées par l’autorité coloniale dans le but de les
démoraliser. Il est peut-être important de souligner que Mame Cheikh a
été le premier à faire imprimer des écrits du Cheikh. Il s’agit de
ceux qu’il a rapportés du Gabon. C’est encore lui qui, le 11
novembre 1902 monta sur le bateau qui ramenait Cheikh Ahmadou Bamba
au port de Dakar pour l’accueillir et le conduire à terre, après
presque huit ans d’exil. A Darou Salam, il eut ensuite l’immense
bonheur d’organiser les festivités marquant le retour triomphal de
Cheikh Ahmadou Bamba parmi les siens et ses disciples. Ces festivités
demeurées mémorables sont chaque années commémorées dans la ferveur
et l’enthousiasme.
C’est le fameux Magal de Darou Salam qu’on
peut considérer comme le premier magal organisé par la communauté
mouride. En 1922, c’est Mame Cheikh Anta qui conduisit la délégation
que Khadimou Rassoul envoya à Tivaouane pour présenter ses
condoléances lors du rappel à Dieu de Seydi El hadji Malick SY.
Lorsque le Cheikh fut placé en résidence surveillée en Mauritanie
(1903 - 1907) et au Djolof (1907 - 1912), Mame Cheikh Anta servit
aussi de relais entre lui et sa communauté. Pendant cette même
période, il s’employa également à désamorcer tous les pièges par
lesquels l’autorité coloniale et ses suppôts locaux ont tenté de
contrecarrer le développement du Mouridisme.
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