dimanche 24 août 2014

DE LA PERTINENCE ET DE L’EFFICACITÉ HISTORIQUE DU MOURIDISME CENT ANS APRÈS LE TRIOMPHE MYSTIQUE DU SERVITEUR DU PROPHÈTE : 1914 – 2014

Quand on se rappelle que l’exil de Cheikh Ahmadou Bamba vers le Gabon avait été décrété par le Conseil Privé lors de sa séance du 05 septembre 1895, « par mesure d’éloignement » afin de tuer dans l’œuf le Mouridisme naissant ; quand on se souvient que le transfèrement du Cheikh de Thièyene à Diourbel fut décidé par l’administration coloniale « par mesure politique pour contrer sa popularité et son influence grandissante » ; et que l’on se rende compte, qu’aujourd’hui, – alors même que la colonisation a pris fin depuis plus d’un demi siècle, – l’héritage du Cheikh vient de passer des mains de la génération de ses propres fils à celle de ses petits fils, sans heurts dans la succession, ni déperdition dans le contenu ; on ne peut que s’émerveiller encore une fois, à l’occasion de ce « Bamba Day, édition 2014 », devant le triomphe de ce « Jihadiste » solitaire, sans troupes ni armements, face aux représentants de l’une des plus grandes puissances politico-militaires de l’époque : la France coloniale.

De surcroît, en cette année 2014 marquant le centenaire du déclenchement de la Première Guerre Mondiale, la victoire du Pacifisme de Sëriñ Tuubaa revêt une signification qui mérite d’être mentionnée avant d’aller plus loin.

Rappelons que ce furent des nationalistes serbes en révolte contre une situation de colonisation qui ont assassiné le 28 juin 1914 l’archiduc François Ferdinand, héritier du trône austro-hongrois en visite à Sarajevo, précipitant ainsi les évènements qui vont conduire au déclenchement de la guerre. Déclenchement effectif survenu le 28 juillet 1914, un mois après le meurtre.

C’est dire que le « Bamba Day 2014 » coïncide avec le centenaire de la Grande Guerre. Et pour montrer que la mise en parallèle entre l’œuvre de Sëriñ Tuubaa et l’avènement de la guerre, loin d’être hasardeux, est plutôt riche d’enseignements, il suffit alors de rappeler que Cheikh Ahmadou Bamba, apparu sur la scène politico historique du Sénégal en pleine période coloniale, issu d’une famille proche de Lat Dior Ngoné Latyr, – lequel, farouche nationaliste anti colonial, n’aurait certainement pas décliné une offre de soutien de la part du Cheikh lorsqu’il est venu s’entretenir avec lui avant d’aller vers son destin sur le champ de bataille de Deqqale, – a rejeté toute forme de recours aux armes, fondant toute son action sur un pacifisme doctrinal sur lequel je reviendrai dans ma conclusion.

Last but not the least: Le Serviteur du Prophète, Cheikh Ahmadou Bamba, comme il nous le confirme lui-même dans ses écrits, a parachevé sa quête mystique en l’an 1332 de l’Hégire coïncidant avec l’année 1914 dans le calendrier grégorien.

C’est dire O combien l’occasion est propice de revisiter l’histoire du Mouridisme dans une perspective qui mette en exergue, à la fois, sa pertinence et son efficacité histoirique dans le contexte de son apparition mais également sa capacité à permettre de faire face aux défis auxquels sont confrontés les mourides d’aujourd’hui notamment ceux de la Diaspora.

Pour cela, il n’est de meilleur moment à étudier dans la vie et l’œuvre du Cheikh que l’étape de Diourbel pour sa signification mystique telle que le Cheikh l’a suggérée dans sa célèbre déclaration communément désigné par les deux mots arabes « râmû massîrî » avant de l’expliciter dans une typologie qui nous renseigne sur les différentes étapes de son ascension spirituelle ; mais aussi pour son rôle prépondérant dans le parachèvement de l’édification du Mouridisme en tant que communauté.
J’ai donc jugé utile de reformuler ici un article que j’avais publié en 2012 sur cette étape et qui avait servi de base à mon intervention de l’année dernière au siège des Nations Unies à l’occasion de l’édition 2013 du « Bamba Day ».

Concrètement, il s’agit dans les lignes qui suivent, de mettre en exergue ces deux aspects en montrant comment l’étape de Diourbel fut le tremplin sociohistorique depuis lequel l’édifice du Mouridisme fut parachevé par son fondateur en personne avant d’être mis sur les rails de la pérennisation par le premier Khalife seriñ Moustapha Mbacké ; mais aussi de rappeler la signification ésotérique de l’étape de Diourbel dans l’ascension spirituelle du Cheikh telle que lui-même nous l’a enseignée. 

À suivre…

Mourtalla MBOUP
Professeur de Maths à Genève

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