Suite
aux campagnes calomnieuses à l'endroit de Cheikh Ahmadou BAMBA, le
Commandant LECLERC, Administrateur du Cercle de Saint-Louis, avait
adressé en juillet 1895 une alarmante correspondance à ses supérieurs.
Le Gouverneur Général par intérim du Sénégal et Dépendances, M. MOUTTET,
expédia alors à Mbacké-Bâri une lettre de convocation au Cheikh qui,
empêché, se contenta de déléguer son frère et bras droit Mame Thierno
Birahim au dit Gouverneur qui interpréta ce geste comme un affront et un
défi à son autorité.
Ainsi l'Administrateur LECLERC
fut-il chargé, à la tête d'une importante troupe composée
essentiellement de gardes et de cavaliers dirigés par des chefs
indigènes, de s'acheminer vers Mbacké-Bâri aux fins de contraindre par
la force le Saint homme à se rendre à ladite convocation. Informé,
Cheikh Ahmadou BAMBA dut mander une seconde fois le Cheikh Ibrahim dans
le but de dissiper le malentendu. Mais face à la détermination d'en
découdre qu'afficha l'Administrateur, l'émissaire du cheikh dut informer
celui-ci de l'échec de sa mission; ce à quoi, Cheikh Ahmadou BAMBA,
devinant la trame de la Volonté Transcendante, qui seule pouvait
présider à ces événements, confia les siens à la Grâce de DIEU et partit
à la rencontre de ses ennemis.
C'est ainsi qu'il
retrouva le plénipotentiaire du Gouverneur dans la localité de Jéwol
dans l'après-midi du samedi 10 août 1895. Ce jour de 18 du mois de
safar 1313 de l'Hégire constituera, plus tard, celui de la célébration
du grand Magal de Touba, car cette épreuve préfigurait déjà aux yeux
du Cheikh le Succès et les Avantages Inestimables que le TOUT-PUISSANT
Dissimulait dans le Service qu'il comptait effectuer pour le Meilleur
des humains (PSL).
Ayant ainsi passé la nuit à Jéwol, le
saint homme reprit, en bonne escorte, son périple le matin du dimanche,
fit une escale dans le village de Kokki d'où il s'achemina de nuit
vers Louga. De cette localité, il prit, le lundi 12 août, le train pour
Saint-Louis qu'il atteignit au crépuscule et où il restera pendant les
10 jours restants du mois de safar et presque tout le mois de
Rabi'u-l-Awwal.
Le Serviteur du Prophète aura à subir sur
cette île nombre d'épreuves de la part de ses persécuteurs dont la
plus injuste restera sans doute la décision de l'exiler vers les
contrées hostiles de l'Afrique Equatoriale. Mais ceux-là qui le
bannirent et tentèrent de l'avilir à jamais ne savaient certes pas que
le TOUT-PUISSANT s'était LUI-MÊME Prescrit, de toute éternité, le Devoir
de Secourir Ses Amis; et où qu'ils puissent se trouver...
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