Cheikh
Ibrahima Mbacké fils de Cheikh Ahmadou Bamba Khadim Rassoul a vu le
jour au mois de Safar 1330 (1912) à Daroul Alimul khabir (Ndam). Sa mère
Seyyidatou Fatimatou ou encore Fatimatou Aç-çughrâ est d’origine
Mauritanie. Elle est issue de la tribu chérifienne des Dawal hâj, une
ramification de la tribu des khoureîchites.
Il a bénéficié de solides études coraniques et en sciences
religieuses à l’instar de ses frères et sœurs. Tous ceux qui le
connaissaient ainsi que les habitués de ses assemblées sont frappés par
l’immensité de son savoir. Cheikh Ibrahima Mbacké s’était caractérisé
par l’imitation de son père et maître spirituel dans ses actes,
paroles et dans ses enseignements. C’est ainsi que parmi les nombreuses
qualités qu’on lui connaissait, il s’était particulièrement distingué
par l’amour des musulmans, se traduisant par une assistance sans faille à
leur endroit.
Tous ceux qui le connaissaient sont marqués par son sourire spontané
qui rassurait tous ceux qui se rendaient auprès de lui. Cet amour des
créatures pour la face de Dieu se mesure à sa générosité sans borne. Sa
résidence de Mbacké Bary dans la ville de Mbacké ne désemplissait
jamais. Autorités, disciples, nécessiteux, et gens en quête de prières
assaillaient sa demeure car il jouissait d’une réputation selon
laquelle personne ne rentraient bredouille. Partout où il séjournait au
Sénégal, il était un soutien à la communauté mouride par ses
encouragements et exhortations aux disciples dans la voie de Cheikhoul
Khadim.
Dans ses déplacements fréquents dans la ville de Saint Louis, il disait à ses disciples : " certes vous êtes ravis de me voir mais ce sont les morts au cimetière qui sont pressés de me voir venir à Saint Louis’’ .
Une assertion qui se comprend par ses fréquents déplacements, de jour
comme de nuit, dans les cimetières de ‘’caaka Ndiaye’’. Les talibés qui
l’accompagnaient témoignent qu’il lui arrivait de rester accroupi devant
une tombe pendant de longs moments pour implorer le pardon de Dieu pour
celui qui y repose’.
Serigne
Ibrahima Mbacké s’est aussi signalé par ceux qui le connaissaient par
son amour sincère pour CHEIKHOUL KHADIM. Sa concession se trouvait à
l’actuel emplacement de la résidence Cheikhoul Khadim à l’ouest de la
grande mosquée de Touba. Mais tous ses disciples s’accordent que le jour
du Grand Magal de Touba, il établissait son quartier général à
l’intérieur de la grande mosquée en construction précisément à
l’emplacement du minaret principal. Lors de cette occasion, il
entretenait les disciples qui l’entourent sur la vie et l’œuvre de
Cheikhoul Khadim ces bienfaits tout en les exhortant dans le service de
Borom Touba.
Dans le Chantier de la mosquée que Cheikh Mouhamadou Fadil
parachevait, il exhortait beaucoup les disciples leur disant souvent : ‘’tous
ce que nous demandons de jour comme de nuit ainsi que tous ce que vous
nous donnez ici à TOUBA où ailleurs, entrent dans la construction de la
mosquée de Touba et c’est ce qui garantira le Salut demain dans
l’au-delà’’.
Un de ses disciples témoigne que la recommandation que lui fit Serigne Ibrahima après son acte d’allégeance est ceci : « Je
ne te recommande que trois choses aller à chaque Magal de Touba,
t’acquitter d’un hadiya de 2000 frs par an pour la construction de la
grande mosquée de Touba et la lecture constante des Khassaïds (écrits)
de Serigne Touba »
Cependant, l’un des principaux épisodes de la vie de Cheikh Ibrahima
Mbacké reste sans doute son voyage au Gabon. Il quitta sa résidence
qu’il avait baptisé Mbacké Bâry le 17 du mois de Shawwal 1373 H (1957)
en direction du Gabon. Une périple qui s’acheva au mois de Muharram de
la même année.
Cheikh Ibrahima MBACKE à son retour fit un compte rendu de son voyage au
Gabon à Serigne Moussa Ka qui aussitôt écrivit un ouvrage intitulé « yokkub jazaa’u shakkoor » qui est un appendice au poème consacré à l’exil de Cheikh Ahmadou Bamba.
Dans le compte rendu détaillé qu’il fit de ce voyage, il dira que le
motif de son voyage est que le Cheikh apparut trois fois de façon
consécutive à Cheikh Ibrahima à Mbacké, à Dakar et Louga au mois de
Ramadan. Cheikhoul Khadim se serait adressé à lui en ces termes « Ibrahima, après la fête de l’Aïd El Fitr je te recommande d’effectuer le voyage de Congo »
Il donna une importance capitale à cette recommandation et prépara
avec minutie le voyage. L’ardeur de la préparation exprime tout
l’attachement que Cheikh Ibrahima MBACKE nourrissait envers Cheikhoul
Khadim.
Du point de vue administratif, il a personnellement effectué les
démarches allant de l’établissement d’un passeport, d’une carte
d’identité, d’une autorisation de voyager aller et retour, d’un carnet
de vaccination à l’établissement des formalités du voyage. Certaines de
ces formalités ont nécessité des audiences avec le gouverneur Général
alors à Dakar.
Sur le plan financier, il a tenu à respecter la recommandation de
Cheikhoul Khadim de prendre entièrement en charge les frais du
voyage. C’est pourquoi il a versé sur fonds propres les 400 000 frs pour
les frais du voyage en plus d’une caution de 400 000 frs.
Sur le plan des moyens de transport, il n’a pas hésité devant aucun
moyen de locomotion : train, voiture, pirogue et bateau. Son périple qui
l’a conduit à parcourir plus de 5 pays, soit près de 3/4 de l’Afrique
Noire.
Sur son itinéraire, sa passage a été marqué dans toutes les grandes
villes des anciens territoires de l’Afrique Occidentale Française et de
l’Afrique Equatoriale française. Cheikh Ibrahima a fait escale à Kayes
et Bamako (soudan français), Bouaké, Abidjan et Grand Bassam (Côte
d’ivoire), Lomé et Cotonou (Dahomey), Pointe Noire et Brazzaville Congo)
Douala (Cameroun).
Une fois sur le territoire du Gabon, Cheikh Ibrahima visita, sous la
conduite d’un ancien gendarme du nom de Samba Ndiaye alors âgé de 96
ans, les lieux où Cheikhoul Khadim a séjourné entre 1895 et 1902. C’est
ainsi qu’il a visité Mayumba, Lambaréné, Lodima, Njolé, Port Gentil,
Libreville et se rendra même jusqu’à l’ile nommée par la tradition orale
‘’wir wir’’ située à une soixantaine de kilomètres des côtes de
Mayumba. Dans tous ces lieux, il a effectué des prières et des ziarras
selon des durées variables.
Dans cette mission qui dura quatre mois Cheikh Ibrahima a été un
propagateur de l’œuvre de Cheikhoul Khadim dans l’expansion du
mouridisme. Au Sénégal ses escales de Kaolack et Tambacounda sur le
chemin du Gabon ont fortement marqué les disciples mourides. Dans les
autres territoires où il est passé, il a revivifié la foi des disciples
dont la vue d’un descendant direct de Cheikh Ahmadou Bamba n’était pas
chose facile. Par exemple, il a été accueille à Bouaké par un long
cortège de voitures sous la direction d’un notable mouride.
Aussi dans son séjour de 20 jours à Brazzaville, il a eu à diriger la
traditionnelle prière de l’Aïd El Kébir (fête du sacrifice) avec 12
personnes seulement dans les rangs.
Ce
voyage chargé de tant de signification s’acheva le 23ème jour du mois
de Muharram coïncidant à la date de son arrivée à Dakar. Une mission qui
serait ainsi l’ultime mission qu’il rendra à Cheikhoul Khadim car, il a
rejoint son Seigneur trois mois seulement après ce voyage symbolique.
Ce fut un vendredi de l’année 1954 alors qu’il n’était âgé que de 42
ans.
Une vie que l’on dirait brève mais remplie de dévotion et d’amour
pour Cheikhoul Khadim,
Puisse DIEU par la grâce de son vénéré maître nous gratifier des
innombrables bienfaits découlant de la vie et de l’œuvre de cet illustre
fils de Borom Touba.
Source: htcom.sn
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