« L'homme doit se souvenir des moments de souffrance dans la
méditation afin d'avoir un comportement tel que toutes ses actions
n’aient que la seule Face de Dieu pour motivation ». Serigne SAM MBAYE
Les célébrations et commémorations sont nombreuses et diverses
mais elles marquent toutes des moments d’intenses communions pour
exprimer des sentiments de bonheurs et/ou de neurasthénie. Pour ma part,
je suis partagé entre ces deux sentiments. Tantôt mélancolique, tantôt
enchanté, suivant l’ordre et la superposition des mots et des phrases
qui émanent du tréfonds de mon âme avec amour et conviction. Fait
rarissime, j’expose aujourd’hui ma plume sur la place publique pour
partager avec mes condisciples et le monde entier par la magie de
l’Internet, ce que je pense connaitre de Serigne Sam Mbaye, mon guide
spirituel, un combattant rigoureux et infatigable de la cause Islamique.
Vie et œuvre d’un homme exceptionnel!
Biographie de Serigne Sam Mbaye
Fils de Sokhna Fatou Thiam, femme pieuse et déférente et de Mame
Cheikh Ahmadoul Sakhir Mbaye (renommé « Kabir = Grand maitre» par Cheikh
Ahmadou Bamba du fait de l’homme exceptionnel qu’il était tant de par
son érudition que de par son rang élevé parmi les Saints), Serigne Momar
Diarra Mbaye (le vrai nom de Serigne Sam) serait né au mois de février
1922 à Louga dans le Ndiambour. Les nombreux témoignages recueillis sur
sa date de naissance indiquent qu’il est venu au monde au lendemain du
rappel à Dieu de Mame Elh Malick SY (RTA) et un an après celui de son
homonyme Serigne Mame Mor Diarra Mbacké, grand’ frère de Cheikhoul
Khadim fondateur du Mouridisme. Serigne Sam porte ainsi le nom du grand
frère de Serigne Touba qui avait des relations toutes particulières avec
Mame Cheikh Ahmadoul Kabir qui, pour immortaliser et fidéliser cette
marque d’estime envers son ami donna le nom de son fils prodige à ce
dernier. Fils prodige dis-je, parce que la venue au monde de Baye Sam a
été longtemps annoncée par des faits marquants indiquant tout le
symbolique et les mystères qui précèdent cette naissance. La décence
nous astreint à les taire.
La descendance de
Serigne Sam renseigne à bien des égards sur l’homme multidimensionnel
qu’il était et reste encore. Généalogiquement, il appartiendrait à la
famille de Seydina Ababacar Sadikh, fidèle compagnon du Prophète (PSL)
et premier Calife de la Ummā Islamique comme le confirme Mame Cheikh
Mbaye dans ses écrits. Cette descendance spirituelle renseigne à bien
des égards de la dimension exceptionnelle de l’Homme qui a passé toute
sa vie durant, à professer et à distiller l’œuvre de la meilleure des
Créatures divines et de son plus fidèle des Serviteurs.
La nouvelle du rappel à Dieu de Baye Sam a plongé toute la communauté
musulmane dans un émoi intense et ses disciples étaient dans un état de
profonde torpeur et de déperdition totale. Dans l’atmosphère ambiante de
ce dimanche 15 Mars 1998, la consternation était de mise et le
sentiment de manque envahi les cœurs. Le recours aux enseignements de
Baye Sam nous a permis de transcender la psychose née de l’annonce de
son élévation au Paradis, non pas parce que nous n’avons pas
connaissance de son éternité, mais du fait que nous ressentons un manque
important de cette partie de nous-mêmes nous quitter subrepticement.
Serigne Sam est certes parti comme tout humain, « Koulou nafsiin
Zahikhatil maouty », mais nous sommes convaincus qu’il demeurera
éternellement dans ce monde pour continuer sa mission.
Itinéraire de sa quête perpétuelle de savoirs
Surnommé l’océan de connaissances « Al bahlul huloum », Serigne Sam
est la preuve réelle que le savoir ne s’acquiert qu’à l’aune de
sacrifices consentis dans l’apprentissage et de patience investie dans
la recherche. Cette fringale de connaissance conduisit Baye Sam vers
différentes « écoles ». C’est très jeune qu’il a été envoyé au Dara de
Coki avec son frangin et ami Elhadji Djily Mbaye, le célèbre
milliardaire, par leur père Mame Cheikh auprès de son disciple et
homonyme Serigne Cheikh Mod’Sakhir Lo, à qui il avait prescrit d’ouvrir
un Dara et de s’installer à Coki. Baye Sam et Baye Djily font partie
alors de la première génération de Coki, connu par son enseignement de
qualité et la grande expertise de ses maitres coraniques. Ils seront
rejoints plus tard par l’actuel Khalife de Mame Cheikh Mbaye, Serigne
Abdou Salam pour renforcer et donner un coup de main à son homonyme.
Mais il est important de signaler qu’avant l’étape de Coki, qu’il
avait rejoint en 1939, Serigne Sam était auparavant chez Serigne Mbaye
Touré ce qui lui a permis à l’âge de 12 ans déjà, à réciter par cœur le
Coran. Coki lui a donc permis d’approfondir ses connaissances et d’avoir
une parfaite maitrise du Coran qu’il arriva à réciter et écrire sans
jeter le moindre coup d’œil sur le Livre Sacré. Baye Sam a été le
premier disciple à réussir une telle prouesse au Dara de Coki. C’est
pourquoi il fut initié très tôt aux autres branches de l’Islam comme le «
Nahu » la Grammaire Arabe, le « Fikh » la Jurisprudence, le « Tawhid »
l’Unicité ou encore le « Tazawouf » Soufisme.
C’est
après avoir suivi toute cette formation que Baye Sam, avec l’aval de son
père et celui de Serigne Mod’Shakir Lo, quitta Coki pour aller parfaire
ses connaissances à Saint-Louis où se formait l’élite arabisante du
pays, auprès de grands érudits qui enseignaient avec subtilité et
perspicacité les livres dits savants. Il y avait eu comme enseignants
Serigne Ahmad Diakhaté de Guet Ndar, Elh Tidiane Niang entre autres.
C’est de là où il a réussi à un concours très sélectif pour devenir
Professeur dans un grand Institut Islamique en Mauritanie. De
concordantes sources renseignent qu’il était le seul Noir à être
sélectionné pour enseigner dans cet Institut très prisé. Mais Serigne
Sam, toujours en quête perpétuelle de nouvelles connaissances déclina
l’offre et s’engagea à nouveau dans les études. C’est ainsi que Serigne
Babacar Mbaye, un de ses frères, lui trouva une bourse pour aller
étudier à l’Université de Constantine (Diani Ab Zaytoun) de Tunis. Le
voyage lui a conduit d’abord en Algérie où il a résidé pendant un
certain moment. Ce périple lui a fait perdre du temps et il a été
sérieusement devancé par ses camarades dans le programme académique de
l’année en cours.
Très en retard dans le programme et
n’ayant pas où s’asseoir pour suivre les cours, Serigne Sam sort
pourtant premier de sa classe à l’issue des différentes évaluations.
Cela a émerveillé toute l’Université qui demanda alors d’où est venu ce
crac et qui furent ses maitres. Il est le premier étudiant Noir à sortir
de cette Université avec un diplôme de Licence en Arabe. Pour témoigner
à son « élève » toute sa reconnaissance et sa grande satisfaction,
Serigne Mod Sakhir Lo dédia un poème spécial à Serigne Sam pour lui
exprimer toute sa fierté après son retour triomphal de Tunis.
De retour au pays, il est employé comme professeur Arabe dans de
nombreux lycées et instituts franco-arabe au Sénégal. Ce destin lui a
conduit au Lycée Faidherbe de Saint-Louis où il exerçait comme
surveillant. Et c’est dans le cadre de ces fonctions qu’il s’inscrit
pour étudier le français, ce qui lui a permis au bout de quelques années
d’obtenir son baccalauréat littéraire et de s’inscrire en première
année de Lettres Modernes à l’Université Cheikh Anta Diop tout en
continuant à enseigner au Lycée Blaise Diagne. Sa Licence en poche, il a
été nommé Directeur d’une école franco-arabe vu qu’il avait deux
Licences, une en Arabe et une autre en Français avant de devenir
quelques années plus tard le Proviseur du Lycée Malick Sall. Alliant
enseignement et études, Serigne Sam est l’un des premiers arabisants à
soutenir une thèse de doctorat de l’enseignement supérieur formel au
Sénégal en Lettres Modernes. Dépositaire incontesté et incontestable de
la connaissance après un parcours sans précédent qui lui a conduit vers
divers horizons et intellectuel de grande envergure, Serigne Sam a eu
une œuvre tout aussi éloquente que son parcours académique.
Œuvre
L’œuvre de Baye Sam est immense, ses qualités humaines et
intellectuelles incommensurables. En comparant ses nombres d’années
vécues dans ce monde d’ici-bas et l’œuvre colossale qu’il a réussi à
laisser derrière lui, l’on ne peut qu’être stupéfait de sa grandeur,
autrement, se rendre compte de l’évidence de l’Erudit qu’il était et
reste encore. Sa grande maitrise de la religion musulmane, son ouverture
d’esprit et sa parfaite connaissance du monde moderne font de lui un
pédagogue hors pair, alliant pertinence et éloquence.
De
1973 à 1998, Serigne Dame Seye, un de ses fervents disciples et
admirateurs, témoigne à travers l’antenne de la Radiodiffusion
Télévision Sénégalaise de Kaolack, au lendemain du rappel à Dieu du
Saint-homme en 1998, détenir des centaines de cassettes de Baye Sam avec
des thèmes et des sujets aussi divers les uns que les autres. La
numérisation de ces cassettes en CD, avec l’avènement des Technologies
de l’Information et de la Communication, a davantage participé à la
propagation de l’œuvre de Baye Sam comme en témoignent les nombreux
sites Internet et autres pages dans des réseaux sociaux, qui magnifient
fièrement le chef d’œuvre du Savant lougatois. On assiste de nos jours à
une floraison de pages qui portent le nom de Baye Sam : Sope Serigne
Sam, Beug Baye Sam, site officiel de Serigne Sam Mbaye, Diiwanou Serigne
Sam, Sopey Baye Sam… Cela dénote en réalité, d’une nécessité réelle de
perpétuer à jamais son œuvre et de la partager avec le monde entier.
Connaissant l’importance que revêtent la parole et
le discours, Baye Sam ne demandait, à chaque fois qu’il est sollicité
pour animer une conférence ou une causerie, si elle sera enregistrée ou
pas. Si la réponse est affirmative il donne sans hésiter son aval. Comme
il aimait à le dire de son vivant « il arrivera un moment où mes
cassettes joueront un vrai rôle de Moujadid = rénovateur». Aujourd’hui
la parole de Baye Sam est audible partout à travers le monde, dans les
radios, sur le Net et aussi sur les écrans de télévision.
En ce 15 Mars 2013, 15 ans après que Serigne Sam ait retourné au
Paradis, nous nous consternons devant sa mémoire et prions encore le
Tout Puissant pour le repos éternel de son âme. De l’homme, ce serait
une grande aberration de ne retenir que le conférencier hors pair qu’il
était. C’est vrai que c’est cette dimension qu’il a toujours voulu
mettre en exergue, mais derrière celle-là, se cache l’homme de Dieu.
Serigne Mountakha Mbacké ibn Cheikh Mouhamadoul Bachir, son frère
d’études et ami de tous les jours, disait dans un témoignage poignant
que « tout ce que je peux vous dire sur Serigne Sam, c’est qu’il était
véritablement un homme de Dieu ».
M. Aboulaye CISSE, Sociologue.
Etudiant-chercheur au LGRS (IFAN-Cheikh Anta Diop)
Tel : (221) 77 903 8531 / (+221) 70 641 5101
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