Décidément toutes les sorties de ces derniers temps du « journaliste politologue » Babacar Justin Ndiaye, mènent à Touba. Non content d’avoir publié dans son « laser du lundi » sur Dakaractu.com le 12 mai dernier, qu’il fallait se méfier d’accorder un statut spécial à Touba à cause de la Casamance. Insinuant ainsi que Touba peut devenir le MFDC, et que ce statut serait la porte ouverte à une rébellion de Touba et des mourides : « Attention au statut spécial qui est un danger baladeur ! Comment accorder gracieusement un statut spécial à une ville et le refuser à une région qui se bat depuis trente ans (la Casamance) pour un statut analogue ? ».
Cet
extrait, ainsi que tout le texte de l’analyste lui a valut, de même
qu’à d’autres la réplique cinglante de Abdou Aziz Mbacke Majalis dans un
article pertinent intitulé « Touba et la Casamance » où il dit : « Cet
argument que résume, par exemple, cette « inquiétude » du sociologue
Fatou Sow Sarr (par ailleurs, leader du Caucus des féministes) : « On
parle de statut spécial pour Touba, mais, demain, la Casamance peut se
lever et demander la même chose.».
Un refrain repris, dans une symphonie touchante, par le célèbre
chroniqueur Babacar Justin Ndiaye, le docteur en droit Nfally Camara et
une brochette d’autres belles plumes du bouillant landerneau
intellectuel et médiatique de notre pays…
Poser le problème du statut spécial de Touba en ces termes montre,
encore une fois, la choquante et profonde ignorance de notre
intelligentsia, pour ne pas dire leur malhonnêteté intellectuelle
notoire. ».
Et j’ai dit sur un autre article que c’est faire preuve d’une
méconnaissance des réalités sociales de notre pays et de son histoire
que de spéculer sur un possible prise d’indépendance par Touba. Sans la
résistance culturelle et pacifique du fondateur de Touba face à
l’aliénation coloniale on ne parlerait sans doute pas aujourd’hui de
Sénégal en tant Nation, Culture, Civilisation, mais de « France Bis ».
Le Sénégal existe aujourd’hui parce que Touba ainsi que d’autres
cités ont su préserver nos valeurs socioculturelles. Aller partout au
Sénégal et vous y verrez des « Touba ». De même si le Sénégal est connu
dans le Monde il le doit certainement aux nombreux «Touba » de la
Diaspora. « C’est donc une hypothèse totalement absurde », pour
paraphraser Abdou Aziz Majalis « que de parler de Touba, totalement
enclavée à l’intérieur du Sénégal, revendiquer un quelconque séparatisme
».
A peine quelques jours après cette réplique, voulant certainement
avoir raison contre vent et marrée ou poursuivant un agenda spécifique,
Babacar Justin Ndiaye enfonce le clou en profitant des douloureux
évènements au nord du Mali et après avoir affirmé dans son texte du 19
mai que « tous les Préfets et Sous-Préfets de la région de l’Azawad ont
été égorgés par les éléments du Mouvement National de Libération de
Azawad (MNLA) épaulés par les débris des organisations islamistes
d’Ansar Dine et du Mujao ».
Il en vient à la fin de son analyse à comparer en des termes à peine
voilées, Kidal à Touba disant clairement que Touba pourra devenir demain
une rébellion sanglante et un terreau du terrorisme si jamais un statut
spécial lui ai accordé « Un syndrome voisin sur lequel le gouvernement
de Dakar doit poser un regard attentif et appuyé, à l’heure où le débat
sur un statut spécial par-ci et par-là, fait subitement florès ». Son
dernier texte est clairement une suite logique pour l’nalyste pour
étayer son « Laser du lundi » intitulé « Entre l’enclume des femmes et
le marteau-pilon de Touba ».
Il sied alors de se poser la question, à quoi joue Babacar Justin
Ndiaye ? Pourquoi essaye t-il de dépeindre Touba comme la capitale d’une
future rébellion au Sénégal et un terreau potentiellement favorable
pour le terrorisme ? Pourquoi joue t-il à faire peur aux sénégalais et
au Monde par rapport à Touba en brandissant comme épouvantail les actes
de terrorisme sanglants au nord du Mali ?
Tous les chercheurs, tous les analystes de bonne foi savent que le
Mouridisme est une doctrine islamique fortement ancré dans la paix.
Toute l’histoire de son fondateur Cheikh Ahmadou Bamba le démontre.
Alors qu’à l’époque de son émergence le seul moyen utilisé jusqu’alors
pour lutter contre la colonisation était la guerre par les armes, lui
choisi, bien avant Gandhi ou Martin Luther King de lutter contre la
puissance coloniale française par la non-violence en usant
d’enseignement, d’éducation, et de formation du peuple.
Alors que ses ennemis l’ont brimé de mille et une manières, l’exilant
pendant 7 longues années au Gabon et 5 ans en Mauritanie, le privant de
liberté pendant 32 ans, il reste ferme dans sa philosophie non-violente
en affirmant « J’ai pardonné à tous mes ennemis, par la grâce de Dieu
qui m’a épargné, je ne suis point revanchard ».
Alors que, même les ennemis les plus farouches du Cheikh Bamba dans
l’administration coloniale finirent par témoigner que « … Ce Cheikh se
distingue toutefois par une pureté de cœur, par une bonté, une grandeur
d’âme et un amour du bien aussi bien pour l’ami que pour l’ennemi… Les
plus injustes des hommes et les plus ignorants des réalités humaines
sont ceux qui avaient porté contre lui de fausses accusations consistant
à lui prêter l’ambition du pouvoir temporel. Je sais que les Saints et
les Prophètes qui ont mené une guerre sainte l’ont fait sans disposer de
la moitié de la force dont dispose ce Cheikh… » [L’administrateur
colonial Lasselves].
Donc on est en droit de se demander, qu’est ce que Mr Justin Ndiaye
cherche t-il à prouver avec ses dernières sorties sur Touba ? Verse t-il
dans le « Mouridisme-bashing » en vogue ces derniers temps chez
certains cercles intellectuels ? Pense t-il qu’avec ses textes
alarmistes il pourra contribuer à annihiler ou retarder la réalisation
des promesses du Président Macky Sall sur la formalisation d’un statut
spécial pour la ville sainte ? Est il parmi ceux qui misent, comme
d’ailleurs beaucoup de ceux que le Mouridisme dérange sur
l’affaiblissement du celui-ci dans le temps, après la disparition du
dernier fils de Bamba sur terre en 2007 afin de pouvoir en finir avec
cette ville sainte qui empêche de dé-islamiser et de laïciser
entièrement la société sénégalaise?
Même si on ne peut pas être affirmatif à 100%, on est en droit de se
poser ces questions, tant le plaidoyer de Babacar Justin Ndiaye contre
le statut spécial de Touba est acerbe.
Je ne serais d’ailleurs pas surpris s’il nous revient avec un autre
article sur les filles enlevées par Boko Haram, les attentats et autres
violences commis par cette organisation terroriste et essayer de faire
une analogie avec Touba pour nous dire que nous risquons les mêmes
dangers si Touba obtient son statut spécial.
Mais quel crédit accorder à un politologue qui avait, de manière
péremptoire prédit la victoire de Président Wade en 2012 en ces termes :
« Wade va gagner ou va gagner ». On connait la suite de cette
prédiction de Babacar Justin Ndiaye.
Serigne Cheikh Fatma MBACKE,
Ingénieur Informaticien, chercheur mouride
cheikhfatma@yahoo.com
www.cheikhfatma.com
Ingénieur Informaticien, chercheur mouride
cheikhfatma@yahoo.com
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