vendredi 30 mai 2014

Lettre de Serigne Touba aux fils de marabouts


Cet important document est tiré du recueil de correspondances et d'enseignements oraux de Cheikh Ahmadou Bamba, rassemblés, sous l'initiative du troisième Calife des mourides, par feu S. Modou Diagne de la Bibliothèque de Touba. Dans cette courte « lettre ouverte aux doomi-sokhna », Serigne Touba recommande à son fils et futur second Calife, Cheikh Mouhammadou Fadl, et, par delà lui, à tous ceux qui se réclament d'une noble ascendance de Saints et de grandes figures historiques, de ne point se suffire passivement de cet héritage. Mais de persévérer plutôt à acquérir leur propre mérite, en s'engageant eux-mêmes résolument dans la voie de la Science, de la Vertu et de l'Excellence qui a valu à leurs illustres aïeuls les honneurs et privilèges qui les font respecter et vénérer. En s'illustrant par la grandeur de leurs ambitions, la force de leur détermination et leurs capacités à conserver intact et à porter haut le Flambeau de l'Islam leur ayant été confié. Au risque, autrement, de perdre tout droit de se réclamer de ce patrimoine spirituel ou de prétendre à un quelconque avantage sur qui que de soit. Autrement dit, pour Cheikhoul Khadim, « naître serigne est un bon présage, mais le devenir reste assurément la véritable mission »…

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« Au Nom de Dieu, le Clément et Miséricordieux.

Ô mon fils !

Ne te laisse surtout pas abuser par les propos flatteurs des gens qui t'appellent : « Ô toi le Noble, fils de notre Noble Maître ! »


Car la véritable Noblesse, sache-le, est celle que tu auras toi-même acquise par tes propres actes. Mais nullement celle obtenue par l'intermédiaire de ton père ou de tes aïeuls.


En vérité, la seule fierté dont un homme puisse légitimement se prévaloir est celle qu'il aura lui-même méritée, à travers ses propres paroles et actes. Mais pas celle que l'on tire d'un glorieux lignage, fut-il paternel ou maternel, dont, paresseusement, l'on se réclame.


Le véritable honneur, souviens-t'en, réside dans la grandeur et dans la hauteur de tes ambitions et nullement dans l'évocation glorieuse des ossements blanchis de tes défunts ancêtres.


Car la noblesse de sang, sache-le, n'a de valeur et de sens qu'avec la noblesse du comportement et celle du cœur.


C’est là tout le sens de ce précieux adage tenu de nos anciens : « En vérité, nul éloge n'est dû à l'homme « bien né » et dont le comportement s'avère « bien bas ». »


De même nous ont-ils enseigné cette remarquable maxime : « Au lieu de te suffire du mérite de ton père, et de demeurer un éternel « Fils de...», compte plutôt sur tes propres actes, pour prétendre un jour devenir « Père de...», ».


Comme l'a si bien illustré le brave et célèbre ‘Içâm qui [en dépit de sa modeste et ancienne condition de valet du roi] proclamait haut et fort : « C’est ma grandeur d’âme qui a fait ma noblesse. Car c’est d'elle seule que je tire ma détermination et mon courage. En effet, c'est grâce à la seule force de mon âme que j'ai réussi à m'élever et à me faire respecter à l'instar d'un roi... »


Un autre poète, à ce même propos, de renchérir : « Une noble lignée n'est, en réalité, utile qu'à l'homme qui la considère comme une motivation pour ajouter sa propre pierre à l'édifice du bien dont il a hérité.


Ne compte donc que sur les œuvres que tu auras toi-même réalisées. Et ne pense surtout pas que l'éminence se transmet par simple héritage.


En vérité, l'homme ne s'élève à la véritable dignité qu'à la force de sa propre volonté. Quand bien même comptera-t-il des générations d'illustres aïeuls dans sa généalogie.


En effet, toute branche qui ne donne jamais de fruits, même si elle fait partie d'un arbre fruitier fort prisé, finira un jour, du fait même de son inutilité, par être coupée et servir de bois mort destiné au feu... »


O notre Seigneur !

Guide-nous sur le Droit Chemin !

Car c’est Toi Seul que nous adorons.

Et c'est de Toi Seul dont nous implorons l'assistance...»


Traduction : Majalis – S. Souhaybou Kebe – S. Soran Moustapha
Remerciements : S. Khabane Mourtada pour la vulgarisation du texte


****** TEXTE ORIGINAL ARABE ********

وصية الشيخ الخديم لابنه الحاج محمد الفضل مباكي
بسم الله الرحمن الرحيم
أما بعد؛ فلا يغرنك يا بني قيل الناس يا سيدنا وابن سيدنا؛
فإن أفضل السيادة ما اكتسبتها لنفسك لا ما اكتسبها لك آباء وجدود،
وإن الفخر في الأفعال والأقوال ، لا في الأعمام والأخوال،
وإن الشرف في الهمم العالية، لا في الرمم البالية؛
لأن شرف الأعراق يحتاج إلى شرف الأخلاق،
ولذلك قالوا لا حمد لمن شرف نسبه وسخف أدبه،
وقالوا كن عصاميا ولا تكن عظاميا،
فإن عصاما هو القائل:
نفس عصام سوّدت عصاما*****وعلمته الكر والإقداما
وصيرته ملكا هماما*****
وقال آخر :
فما الحسب الموروث لا در دره*****يفيــــد الفتى إلا بآخــــر مكتسب
فلا تتــــــكل إلا على ما فعلتـــه******ولا تحسبن المجــــد يورث بالنسب
وليس يسود المرء إلا بنفســــه******وإن عــــدّ أباء كراما ذوي حســب
إذا الغصن لم يثمر وإن كان شعبة*****من المثمرات اعتده الناس في الحطب
اللهم اهدنا الصراط المستقيم، فإياك نعبد وإياك نستعين

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