mercredi 18 décembre 2013

La Vie de Cheikh Ahmadou Bamba: L'Exil en Mauritanie et la résidence surveillée à Thiéyène

Le Serviteur Privilégié du Prophète fut appelé, pour la seconde fois de sa vie, à quitter les siens lorsqu'il fut contraint de quitter sa demeure pour la Mauritanie le 14 du mois de "Gamou" (Rabi'ul-Awwal) 1321. Cette date, signe du destin, correspondra très exactement à celle du Conseil Privé de Saint-Louis qui avait décidé de sa première déportation au Gabon... Autre détail caractéristique est aussi que le jour de 14 du mois de "Gamou" représente le surlendemain de celui de l'anniversaire de la Naissance du Prophète (PSL) mais aussi de celui de son Hégire vers Médine (qui ont tous les deux eu lieu un jour de 12 du mois de "Gamou" )...

Ainsi Cheikh Ahmadou BAMBA eut-il à rejoindre le Cheikh Sidya à Saout-el-Ma après avoir confié à son frère et disciple Mame Thierno Birâhim la charge de superviser l'enseignement des mourides et à Mame Cheikh Anta la gestion de leurs travaux.Une fois en pays maure, le Cheikh sera appelé à accompagner la famille de Cheikh Sidya dans nombre de ses déplacements vers les points d'eau tels Babagouy, Al-Idiyya, Tanamire ou Sarsar. 

C'est notamment au cours de leur séjour à Sarsara que l'accès au Cheikh fut autorisé par les colons et que purent se déverser des vagues de visiteurs venues du Sénégal en pèlerinage, mais aussi des tribus bédouines dont les Bani Daymân restaient sans doute la plus réputée pour sa piété ancestrale, l'excellence de ses Ulémas dont le fameux Muhammad al-Yaddali n'est certes pas le moins éminent. 

L'indescriptible impression occasionnée par la Lumière et les Dons Incommensurables du Serviteur du Prophète que ces éminences ne tardèrent point à déceler après due mise à l'épreuve firent qu'ils finirent par lui faire unanimement allégeance, suivies en cela par d'autres tribus bédouines; ce qui préfigurait, en quelque sorte, une révolution psychologiquetant il est vrai que les secrets de la religion étaient, chez les indigènes Noirs, réputés être l'apanage des Maures. Complexe d'infériorité dont le Cheikh fut l'un des rares à s'être affranchi et, ce, très tôt durant sa jeunesse, à travers notamment son préambule dans Les Itinéraires du Paradis: "[Ô Lecteur!] que mon appartenance à la race noire ne t'incite point à ne pas accorder le crédit dû à cet ouvrage / L'homme le plus honorable auprès de DIEU est sans conteste celui qui Le craint le plus / La couleur noire de la peau ne saurait aucunement être un indice de sottise ou d'inintelligence..."

Le Cheikh rendra, par ailleurs, plus tard grâce à DIEU de la faveur qu'IL lui fit à travers l'allégeance des tribus bédouines à travers ce poème: 

" Mes louanges et remerciements sont consacrés à Celui

Dont j'étais devenu parfaitement satisfait à Sarsara,

Tout satisfait de lui, je le loue

Depuis qu'il m'a amené des partisans issus des Bani Daymâni. 

J'étais tout dévoué à Dieu lors de mon séjour chez ces généreux 

Que j'ai quitté après avoir reçu de nombreux visiteurs.

Ceux qui allèrent à Sarsara dans l'intention de me rendre visite

Sont définitivement déchargés de leurs péchés."

Durant cette période, les mourides eurent à effectuer le périple à pied ou par tout autre moyen dans des conditions de voyage que seule la foi pouvait justifier.Devant cette nouvelle affluence les autorités coloniales pensèrent un moment l'éloigner en 1906 à Fort-Coppolani, un peu plus au nord de la Mauritanie, mais consentirent finalement à autoriser Cheikh Ahmadou BAMBA, sur sa demande, à revenir au Sénégal, en juin 1907. 

Mais pour parer aux craintes de débordement que leur inspirait ce second retour au pays, les autorités décidèrent de limiter la liberté d'action du Cheikh en le détenant en résidence surveillée dans la localité de Thiéyène, située dans la province du Jolof, où un terrain de 4 km² lui fut affecté. Des mesures draconiennes furent par la suite prises pour contrôler et limiter le flot de visiteurs qui quotidiennement se déversait chez le Saint Homme avec des quantités impressionnantes de dons de toutes sortes. 

Cheikh Ahmadou BAMBA dut ainsi résider pendant prés de quatre ans et demi à Thiéyène avant d'être autorisé à rentrer définitivement à Diourbel sur requête du Commandant de Cercle dont les profondes motivations s'avérèrent par la suite loin d'être de toute honorabilité...

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