Serigne
Moustapha Saliou Mbacké, fils de feu Serigne Saliou Mbacké, vient en
renonçant à sa part de la somme de 6 milliards versée à sa famille par
Aliko Dangote, confirmer la constance de ses positions principielles,
émanations d’une nature sincère et profonde.
Il carbure aux principes et pratique
l’incarnation d’une certaine classe de marabouts. Au moment où les
reniements spectaculaires et les louvoiements opportunistes font florès,
Serigne Moustapha Saliou Mbacké affiche une constance toujours
rafraîchissante. Dans les hauts cercles du mouridisme et autres lieux où
fidèles talibés se coltinent aux profanes incrédules, son nom et son
geste font le buzz. Non pas qu’ils surprennent venant de sa part, mais
plutôt que son incroyable détachement envers le matériel et sa prêche
inaltérable ont encore une fois bluffé son entourage. Pourtant cet acte
n’est que la continuité d’une philosophie. À Touba, «il ne cessera de
surprendre». Et dans la galaxie des marabouts, il dérange par son
franc-parler. Serigne Moustapha Saliou abhorre les compromissions, ce
qui fait de lui «un marabout craint, respecté et adulé.»
Le dernier épisode l’opposant au géant nigérian de l’industrie Aliko Dangote a été le théâtre d’une épique lutte de convictions dans laquelle le marabout s’est illustré avec une intransigeance surréelle. Le dénouement final raconte un Serigne Moustapha Saliou renonçant au profit de ses frères et sœurs à sa part du pactole de 6 milliards versé par l’industriel nigérian pour accéder à sa cimenterie dont l’ouverture a été retardée par des procédures à rebondissements multiples. Acteur majeur lors de ce feuilleton judiciaire, il a, au final décidé de rester en phase avec ses convictions. Une évaluation révèle que le marabout a renoncé à 83.125.000 francs au profit de quatre frères et de ses 3 sœurs sur les 6,650 milliards que le magnat nigérian a remis aux héritiers du 5ème khalife général des mourides.
Dans les milieux les plus
introduits ou pour la majorité des Sénégalais, il épouse toujours des
vérités assumées à chaque fois. Ses sorties sont attendues voire même
épiées par la majorité des Sénégalais. Au sein de la communauté mouride,
il force le respect et l’admiration, auprès de toute la communauté
musulmane, il éblouit par son courage. Orthodoxe et très érudit, Serigne
Moustapha Saliou est un homme rigoureux qui dit ce qu’il pense sans
utiliser la langue de bois. Neveu de Serigne Saliou Touré, Serigne
Moustapha est très versé dans les connaissances de la Charia et
respectueux de la personne humaine.
Il a horreur des personnes qui
retournent leur veste et n’aime pas la compromission. Sa leçon à maître
Ousmane Ngom alors ministre de l’Intérieur lors de la cérémonie
officielle de la 113ème édition du Magal de Touba est encore mémorable :
«Nous ne devons pas profiter de la souplesse, de la magnanimité et de
la générosité de Serigne Saliou Mbacké. Il faut une limite.» Il a dès
l’entame de son propos fait savoir qu’aucune confrérie n’est différente
de l’autre. «Elles ont toutes la même source, c’est l’islam, le Coran,
le pèlerinage à La Mecque, les cinq prières, le jeûne et le fait de
prier sur Mohamed (Psl). Les chemins qui mènent vers Dieu sont divers et
immenses, il y en a qui sont difficiles comme il y en a qui sont
souples, mais, chaque guide religieux, chaque homme de Dieu hérite d’un
chantier à sa portée et le Tout-puissant lui donne les dispositions
nécessaires pour remplir sa mission» a-t-il coutume de dire. A l’actuel
chef de l’Etat, il dira «C’est le chef de l’Etat Macky Sall qui est à
l’origine de la levée de cet arrêté portant suspension des travaux
d’installation de la cimenterie Dangote.» Craint dans le milieu mouride
parce qu’il abhorre la passivité, le marabout est avide de
connaissances. Un ancien talibé de Khelcom souffle que le marabout ne
peut pas «concevoir une personne qui ne veut pas acquérir des
connaissances.»
Ce fils de Sokhna Maty Diakhaté et de Serigne Saliou
Mbacké, âgé de 70 ans, est toujours vêtu de grand boubou avec une
écharpe blanche sur les épaules. Il est un modèle de courage et de
vertu. Ne disait-il pas vendredi 6 octobre «leup louñou deguee maan la
!» (Tout ce que l’on entendra, c’est moi). Il croit en la justice de son
pays et jamais il ne porte tort à quelqu’un mais quiconque le fait le
croisera sur son chemin. C’est ce qui explique qu’il avait traîné
l’entreprise Cde (consortium d’entreprises) devant la justice parce
qu’elle n’avait pas respecté les termes du contrat sur la réfection de
la mosquée de Touba.
Cimenterie de Pout
Très rigoureux aussi bien avec ses enfants qu’avec ses talibé, Serigne Moustapha a fait ses humanités chez Serigne Sonhibou Mbacké et a été éduqué par Serigne Abdoul Ahad. Il ne fait pas de compromission avec le pouvoir. En 2007, il n’avait pas reçu l’ex-chef de l’Etat qui voulait lui présenter ses condoléances après le rappel à Dieu de Serigne Saliou. Très véridique, il dit ce qu’il pense. Serigne Moustapha Saliou, c’est aussi l’écrivain. A son actif, le livre «les versets tombent, l’histoire certifie» publié en 1999 et traduit en anglais et en français. Serigne Moustapha Saliou, c’est l’humilité car, il est l’un des rares marabouts qui n’hésitent pas à emprunter un taxi à Touba.
Très attaché à l’idéal
mouride, Serigne Moustapha Saliou Mbacké n’avait pas hésité lors de
l’inauguration de la mosquée Boukhatoul Moubarak à Touba à s’insurger
contre les sectes sataniques qui, sous couvert d’un soit disant «islam
orthodoxe» et par divers procédés, tentent de dévier les populations de
la bonne voie. «Ils peuvent construire des mosquées ou créer des écoles
coraniques; porter le manteau de mécène ou se vêtir d’habits d’adeptes
d’œuvre de bienfaisance ou encore de membre d’organisation des Droits de
l’homme etc. mais leur objectif principal est d’éradiquer l’islam»,
soutient-il. Adepte de l’organisation et de la méthode, Serigne
Moustapha Saliou a surpris vendredi les journalistes dans le soin
apporté aux dossiers sur cette affaire qui les oppose à Dangote. Le
marabout voyage très rarement.
Le seul déplacement qui est connu à cet
agriculteur est son déplacement à Istanbul lors du Sommet sur l’habitat
où la ville de Touba a été consacrée comme «ville modèle» retenue par
l’organisme des Nations unies pour les Etablissements Humains à
Istanbul en 1996. Serigne Moustapha, c’est aussi un modèle de
transparence. Pour la 1ère fois après le rappel à Dieu d’un Khalife
général, l’argent que les talibés avaient mis à sa disposition et les
dépenses effectuées plus ce qui restait en caisse étaient connus du
grand public.
C’est ce qu’il avait fait en 2008 quand, il remettait le
compte Serigne Touba à El hadji Mouhamadou Lamine Bara Mbacké. A la
signature ce week-end du protocole d’accord avec les représentants de
Aliko Dangote, il a de nouveau confirmé que toute sa bataille n’était
fondée que sur des valeurs. Ne disait-il pas aux journalistes que «ce
n’est pas l’argent qui nous intéresse» ?
Source: lequotidien.sn
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