jeudi 22 août 2013

Faire vivre l'unité et la concorde des musulmans

J’ai voulu ici rappelé que la norme voudrait que des frères, comme le disait Cheikh Abdou Ahad Mbacke lors d’une autre visite mémorable de Cheikh Ahmed Tidiane Sy à Touba dans les année 80, de même père et mère ne doivent et ne peuvent que s’aimer comme des frères, tout autre sentiment malveillant entre eux serait anormale.

Montrer l’exemple

Je vais rappeler ici quelques faits qui montrent que la hiérarchie des deux confréries Tidiane et Mouride et de toutes les confréries du Sénégal, a toujours travaillé pour l’essentiel, à l’unité entre les musulmans.

Serigne Maodo a rappelé lors de son séjour à Taif que la première visite de son père El Hadji Abdou Aziz à Touba datait de 1939.

On se souvient également de la visite de ce dernier à Touba en 1989 auprès du Khalif général Serigne Abdou Khadr Mbacke avec une prière dirigée dans la grande Mosquée par ce dernier et dont le rappel à la prière avait été effectué par Mame Abdou.

Et que dire de la visite de Serigne Cheikh Ahmed Tidiane Sy auprès du Khalif Général Cheikh Abdou Ahad Mbacke à Touba dans les années 80 ? Les discours échangés alors sont toujours écoutés et réécoutés, tant leur pertinence reste d’actualité.

Les bonnes relations entre les confréries ne se limitent pas à des visites régulières entre chefs religieux. Je rappelle que beaucoup de dignitaires mourides ont des maisons à Tivaoune. C’est l’exemple de mon grand-père Serigne Bassirou Mbacke ainsi que de mon père Serigne Moustpha Bassirou. Mais aussi de Serigne Cheikh Awa Balla Mbacke, de Serigne Modou Dia Aminata et de Cheikh Marouba Gueye, ainsi que d’autres que je ne connais pas. Rappelons ici qu’un Dahira des tidianes quitte chaque année Touba pour se rendre au Gamou de Tivaoune.

Les excellents liens entre les familles confrériques sont parfois illustrés par des liens de mariages ou par d’autres formes d’amitié et de fraternité. L’actuelle Khalif des Layènes a un fils qui porte le même nom que moi, Cheikh Mbacke « Gaïndé Fatma ». Je sais que dans la famille Mbacke certains portent le nom d’El Hadji Abdou, d’autres celui de Sokhna Astou Kane (mère de Cheikh Ahmed Tidiane Sy).

Rappelons aussi un fait important qui illustre le travail de la hiérarchie des familles religieuses pour raffermir les relations qui les unissent.

Après le décès de El Hadji Abdou Aziz en 1997, Serigne Moustapha Bassirou Mbacke, s’est rendu chez lui à Tivaoune, pour disait-il, organiser des funérailles à celui qu’il considérait comme un père. C’est ainsi qu’il a fait immoler des bœufs, organiser des récitations du Coran etc.…C’est seulement après cette cérémonie religieuse organisée chez lui à l’honneur de Mame Abdou qu’il s’est rendu auprès de la famille du défunt pour présenter ses condoléances.

N’oublions pas le geste magnifique de Serigne Mourtada Mbacke ibn Khadimou Rassol dans ses tournées à l’étranger auprès des talibés. Il amenait presque tous les ans avec lui, Serigne Maodo Cisse, le fils du grand moukhadam de El Hadji Malick, El Hadji Amadou Cisse de PIRE. Geste que perpétue aujourd’hui son fils aîné Serigne Mame Mor Mbacke.

Les Facteurs de division

Alors, qu’est ce qui explique que malgré ces quelques exemples d’unité et de fraternité entre les hiérarchies des confréries qui, d’ailleurs datent du temps des Cheikh Ahmadou Bamba, El Hadji Malick, El Hadji Abdoulaye Niass…certains musulmans en arrivent parfois à ne pas vouloir prier derrière quelqu’un qui commence ou pas par la Basmala, ou un imame qui pratique le « Khabdu » ou un autre qui prie les mains descendues ?

Qu’est ce qui explique les controverses récurrentes sur les fêtes musulmanes au Sénégal ?

Ou la tendance chez certains à considérer que seul leur guide spirituel est dans le « vrai » ? Ou bien le fait que certains s’offusquent de toute réalisation dans une ville sainte autre que la leur, en criant à la discrimination ?

A mon avis trois facteurs contribuent à ces phénomènes de division entre musulmans sénégalais.

C’est d’abord Satan le Rebelle, dont le travail consiste à détourner les croyants de la voie de DIEU. En effet Le Tout Puissant nous demande dans le Coran de tous nous cramponner sur « la Corde de Dieu » et de ne pas nous diviser. Et nous dit encore que les croyants sont des frères et qu’il faut vivre dans la fraternité. Dieu nous a créé différents, par la couleur, la race, la taille etc.…Alors ce qu’il faut comprendre c’est que par la Volonté Divine il ne peut pas y avoir une uniformité totale entre les musulmans. Il ne peut pas ne pas y avoir des différences dans nos pratiques, mais que ce qui nous uni est de loin plus important que ce qui nous désuni. C’est d’ailleurs pourquoi tous les musulmans qui pratiquent la Sunna du Prophète (PSL), et c’est le cas de la presque totalité des confréries du Sénégal, épousent les mêmes fondamentaux de l’Islam. Nous croyons tous à l’Unicité Divine, nous chérissons tous, son Prophète Muhammad (PSL), à, peut être 95% nous faisons exactement les mêmes pratiques cultuelles dans la prière, le Jeûne, la Zakat etc...

Malheureusement Satan nous pousse à seulement nous focaliser sur les petites différences dans nos pratiques, différences qui d’ailleurs n’ont aucune incidence sur la validité ou non des actes. Satan nous pousse donc à ne pas regarder ce qui nous uni mais plutôt nos petites différences insignifiantes afin de mieux nous diviser.

Ensuite il y a le pouvoir politique, qui depuis les temps coloniaux cherche à pratiquer l’adage « diviser pour mieux régner ». L’objectif des français qui était l’évangélisation, l’assimilation s’est heurté à un obstacle insurmontable, l’Islam au Sénégal. Alors pour mieux asseoir sa domination, le pouvoir colonial à chercher à monter les confréries les unes contre les autres. Malheureusement cette pratique d’un autre âge à continuer consciemment ou inconsciemment, de plus belle après les indépendances. Même si c’est sous des formes plus discrètes mais parfois plus insidieuses.

Enfin, certains talibés de base contribuent à la division en tombant sous le piège de Satan et se focalisent uniquement sur les petites différences ou la manipulation d’hommes politiques. Il n’est pas rare de voir dans la presse certains talibés dire que ce qui a été fait dans telle ville sainte dépasse ce qui a été réalisé dans la leur, sans même tenir compte de la pertinence, du besoin réel des populations et de la taille même des populations cibles dans leur ville sainte. C’est comme si pour ces talibés, toute réalisation dans une ville sainte devait être faite exactement de la même façon dans la leur sinon ils considèrent que c’est de la discrimination.

Certains en arrivent à lier leur soutien politique à l’appartenance de leur candidat à leur confrérie. On ne cherche pas la pertinence des programmes politiques et son utilité pour le développement du pays, seul la proximité confrérique compte.

La voie à suivre

Quelle est alors la voie à suivre pour nous autres talibés de base ?

Tout simplement celle décrite dans les exemples cités plus haut.

Ne pas trop s’attarder sur nos petites différences et ne se focaliser que sur ce qui nous uni. Il est légitime pour tout talibé de considérer que sa voie est la bonne et que son guide est le meilleur, mais pourquoi ne pas considérer que l’autre peut aussi être dans la bonne voie et avoir un excellent guide spirituel. En effet, comme le disait le Cheikh Ahmadou Bamba dans son livre Massalik :

«271. Chaque "wird" conduit le pratiquant vers l'enceinte scellé d'ALLAH sans déviation

272. Peu importe que ce "wird" vienne d'AL JÎLANÎ (Cheik ABL AL QADR), de AHMAD AL TÎJÂNÎ ou d'un autre parmi les "qutbs" (pôles) qu'ALLAH soit satisfait d'eux

273. Car ils sont tous dans la bonne direction

274. Chacun d'eux appelle les aspirants et les incite à l'adoration du Maître du Trône, où qu'ils soient

275. Tous les "wirds" sont dans la rectitude et la probité ; garde-toi d'en mépriser ou d'en critiquer aucun, dans ta vie… ».

Il dira ailleurs dans Massalik de ne jamais considérer comme ennemi quelqu’un qui prononce la « Chahada » (« Laa ilaaha Illa-l-Laah, Muhammad Rassolu-l-Laah »).

Faire vivre l’unité des musulmans revient également à nous faire confiance les uns les autres dans tous les domaines, notamment dans celui de l’observation du croissant lunaire. Un très grand espoir dans ce domaine, vient d’être suscité par le Khalif général Serigne Cheikh Sidy Moukhtar Mbacke lors de la visite de Serigne Maodo Sy à Touba en octobre dernier. En effet le Khalif a affirmé qu’il faisait de l’unité des musulmans son cheval de batail et que désormais il fera tout son possible pour que les croyants célèbrent le même jour les fêtes islamiques.

Tout talibé doit aussi éviter de tomber dans la rivalité primaire et inutile entre confréries. C’est ainsi que toute réalisation dans une quelconque ville sainte devrait ravir tout le monde car elle profiterait directement ou indirectement à des citoyens sénégalais.

Enfin il nous faut à tout prix éviter d’amener au Sénégal un vote confrérique sur le plan politique. Nous devons toujours préférer un bon Président qui n’appartient pas à notre confrérie à un médiocre Président, même s’il appartient à notre propre confrérie. Nous devons toujours préférer un bon ministre même non musulman à un ministre non compétent ou corrompu, même s’il nous est proche par la religion.

En conclusion, je dirais que l’unité des musulmans est un idéal exaltant mais difficile. Dans la poursuite de celle ci, il y’aura toujours des hauts et des bas. Des obstacles internes à la communauté musulmane vont venir de talibés qui tombent dans le piège de Satan en ne se focalisant que sur les petites choses qui nous différencient au lieu de voir les immenses et nombreux principes et d’actions qui nous sont communs.

Des obstacles externes vont également se dresser devant nous, venant du monde politique, qui sera toujours gêné par tout autre pouvoir, même religieux. Mais aussi les nombreux ennemis de l’Islam.

Cependant les fidèles intelligents et de bonne volonté auront toujours à l’esprit le bel exemple que nous a fourni la visite de Serigne Maodo Sy à Taif auprès de son parent Serigne Abdou Fatah. Exemple qui prend sa source dans les excellentes relations qu’on toujours entretenues les grandes figures des confréries musulmanes du Sénégal.

Et ce sera avec cet impératif de suivre les bons exemples qu’on fera vivre l’unité des musulmans.

Cheikh Fatma Mbacke,
Ingénieur informaticien,
Imam à la Mosquée de
Serigne Moustapha Bassirou Mbacke, Au Golf Nord Hamo 4

2 commentaires:

  1. kham ngani bopp bou ndaw meunoulla wessou lolou..nga yakaarni sa guide rek mo kham,gneenen dañiy dioulli di toudou yalla wayé douñou dem ndakh sén serigne lii ak laa..yalla wakhoul kén dara..nitt gni kay,gnoun gnó mel niñou mel rek!!gnaka yewwou la..bopp bou teudiou moy khalaat yoyou..

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