jeudi 22 août 2013

L’Universalité de l’enseignement de Cheikh Ahmadou Bamba (par Cheikh Fatma Mbacke)

Conférence organisée par le Dahira Miftahu Sahada de l’Institut Africain de Management le 18/05/2013 

Permettez-moi d’abord de saluer les autorités, le personnel ainsi que tous les étudiants de cette auguste institution supérieure qu’est l’IAM. C’est pour moi un redoutable honneur mais un grand plaisir de venir échanger avec vous sur un sujet aussi intéressant, important mais tout aussi vaste et difficile.

J’ai parlé d’échange, oui pour moi il ne s’agira point de vous faire un sermon, un discours figé ou même une séance de propagande. Notre objectif est de partager avec vous une somme de réflexions sur le thème général de « L’Universalité de l’enseignement de Cheikh Ahmadou Bamba » en le déclinant en sous-thèmes ainsi intitulés :

Le Mouridisme

Mouridisme et Mondialisation

La Ville sainte de Touba

Nous souhaitons susciter le débat et ouvrir des pistes et des perspectives de recherche afin de mieux découvrir ensemble des facettes de la pensée de cette grande figure de notre Pays.

Notre plus grand souhait est qu’au sortir de cette rencontre que nous puissions démontrer qu’une figure comme celle là mériterait que les jeunes étudiants, les intellectuels de notre pays se penchent de plus en plus sur sa vie, sa pensée afin de se l’approprier qu’on soit mouride ou non, car Cheikh Ahmadou Bamba reste un patrimoine éminemment national.

Je voudrais ici saluer l’esprit, je dirais même l’ouverture d’esprit qui prévaut à l’IAM allant dans le sens de l’intégration des valeurs religieuses et de tolérance. Beaucoup de structures académiques de notre pays mériteraient aujourd’hui de regarder ce qui se passe ici comme « best practices », y compris les universités étatiques. Je me souviens qu’en 1990 je faisais parti des 600 premiers étudiants à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis, quand les étudiants mourides souhaitaient tenir leur assemblée général de lancement, le recteur d’alors avait évoqué la laïcité pour nous interdire la tenue de notre réunion dans l’enceinte universitaire. On s’était alors rabattu au village de Sanar en face du campus pour lancer le Dahira Maffatihul Bichri que j’ai eu l’honneur de diriger pendant les 4 premières années. De manière pacifique et avec ténacité nous avons pu faire bouger les choses à l’Ugb. La preuve, en est qu’en 2010 j’avais été invité à faire un exposé lors du symposium organisé par le comité d’organisation du Magal dans le plus grand amphithéâtre de l’UGB et devant le recteur Marie Teuw Niane, actuel ministre de l’enseignement supérieur. Ce jour là il avait annoncé la création de l’UFR, civilisations, religions, art et communication. Pour moi s’était une petite « revanche » sur l’Histoire et une grande satisfaction morale. Beaucoup de chemin a été donc fait dans ce domaine au Sénégal.

Malheureusement, beaucoup d’intellectuels sénégalais continuent aujourd’hui d’avoir de la laïcité une compréhension à la française. C'est-à-dire une conception d’anti-religion ou l’extirpation de la religion de, pratiquement tout ce que l’on fait dans la sphère publique. Dans nos pays, la religion fait partie intégrante de la vie des populations. Elles vivent leurs religions, c’est une réalité qu’aucune autorité ou intellectuels ne peut nier. Il n’est pas réaliste ni même possible de former les jeunes sénégalais dans les écoles et les universités, d’en faire de bons citoyens, des acteurs de développement tout en voulant faire fi de la religion et des valeurs qu’elle véhicule. Ce serait alors une formation complètement déconnectée des réalités du pays. Et une telle formation ne peut en aucune manière nous apporter le développement.

Pour en revenir sur le sujet d’aujourd’hui, mon rôle sera de vous parler du Mouridisme en 3 grandes parties. Je ferais d’abord un rappel historique sur le Mouridisme et son parcours, ensuite je suggérerais quelques exemples non exhaustifs qui montrent l’universalité du message du Cheikh Ahmadou Bamba et enfin j’évoquerais quelques défis que le Mouridisme devra relever, en mon sens pour aujourd’hui et dans le futur.



Historique du Mouridisme

C’est quoi le Mouridisme ou Al-Mouridiya (pour coller plus au terme Arabe) ?

Avant de répondre à cette question, je voudrais d’abord parler de ce qui n’est pas le Mouridisme.

Si j’ai tenu à parler de cela d’abord c’est pour avoir l’opportunité de lever toute équivoque en rapport avec beaucoup de malentendus, de mal-interprétation, de caricature, et parfois même de désinformation délibérée sur le Mouridisme. Par la faute du pouvoir colonial français et des tiéddo de l’époque ou même de certains musulmans. Nous le verrons plus tard, le colonisateur français avait bâti toute sa stratégie de lutte contre le Cheikh Ahmadou Bamba sur une accusation comme quoi sa voie était une tentative de mobiliser des forces pour lui mener la guerre sainte et qu’au final il ne cherchait que le pouvoir temporel. Nous reviendrons plus tard sur cette accusation.

Il y’a quelques mois, en Arabie Saoudite un livre est sorti qui traite des figures de l’Histoire qui ont faussement prétendu d’être des prophètes. Figurez vous que Cheikh Ahmadou Bamba a été mis dans liste. Il a fallu que des étudiants mourides des pays Arabes qui ont vu ce livre aillent rencontrer cet auteur, en lui donnant les informations justes et lui montrer les propres écrits du Cheikh pour l’amené à reconnaitre qu’il a été induit en erreur par des musulmans sénégalais. Il a promis de rectifier le tir dans ses prochaines publications, mais le mal était déjà fait. D’ailleurs comment quelqu’un qui est appelé Khadimou Rassol (littéralement le fidèle Serviteur du Prophète) peut il en même temps se réclamer d’être l’homologue de celui-ci ? Le bon sens aurait pu éviter à cet écrivain de commettre une telle bourde.

Une autre anecdote sur ce sujet, c’est l’histoire d’un tableau au musée de Chicago. On y avait présenté l’image du Cheikh Bamba en écrivant sur la légende que cette figure anticoloniale avait été exilée par les français et qu’il avait péri durant cet exil au Gabon. Il a fallu que le fils cadet du Cheikh, Cheikh Mourtada né bien après l’exil du Cheikh, aille rencontrer les dirigeants de ce musée durant un de ces voyages aux USA, pour qu’ils rectifient cette grossière erreur.

Pour dire donc que le Mouridisme souffre de beaucoup de mal-représentation et de calomnies du fait d’actions délibérées de certains, mais il faut le reconnaitre du fait que nous n’avons pas toujours fait le travail pédagogique et académique nécessaire pour vulgariser dans le Monde le Message de Cheikh Ahmadou Bamba en y mettant tous les moyens nécessaires et en utilisant les plus grande langue du Monde . Et c’est heureux que le Dahira de IAM contribue par un tel évènement à améliorer les choses. Mais beaucoup de travail reste à faire et les jeunes intellectuels mourides ont un rôle prépondérant à y jouer.

Donc le Mouridisme n’est pas une secte, il n’est pas un groupe qui vive dans l’innovation blâmable (Bidaa).

Le Mouridisme est une doctrine soufie et philosophique en parfaite conformité avec la Sounna du Prophète Mouhamad (PSL).

Cheikh Ahmadou Bamba est un rénovateur de l’Islam authentique : « Wa souna tahou inchaa Rabii oubayinou ».

Avant d’en revenir au Mouridisme en général, laissez-moi évoquer brièvement les origines et les premiers pas de Cheikh Ahmadou Bamba pour mieux comprendre sa voie.

De son vrai nom, Mouhamad ibn Mouhamad ibn Habibu Laah, il porte le nom du mètre de son père Mouhamad Sall du village de Bamba. Le Cheikh Bamba est le second fils de Mame Mor Anta Saly (de son vrai nom Mouhamad) et de Mame Mariyama Bousso (plus connue sous le nom de Mame Diara Bousso). Ses deux parents sont des descendants directs du célèbre patriarche Mame Mahram Mbacke. Le Père du Cheikh Bamba, par le fils cadet de celui-ci (Mame Balla Aicha) et sa mère par un autre fils de Mame Mahrame (Mame Ahmadou Sokhna Bousso Mbacke). Il faut aussi noter que Mame El Hdji Malick Sy est aussi un descendant direct de ce même Mame Mahrame Mbacke par la mère de son père (Mame Maty Mbacke, fille de Mame Thierno Farimata Mbacke qui est aussi un des fils de Mame Mahrame).

Les ancêtres du Cheikh Bamba sont originaires du Fouta au Nord du Pays, aussi bien du côté paternel que tu côté maternel. Le Village de la famille maternelle des Bousso est Golléré qui avoisinait les villages des Mbacke au Fouta.

Mame Mor Anta Saly, était un grand et respecté érudit dans les sciences islamiques.

S’apercevant de la qualité morale et de l’érudition de Mame Mor Anta Saly, le Damel, roi du Cayor, Lat Dior Ngoné Latyr Diop le nomma conseiller et jurisconsulte.

Mame Mor qui était un grand enseignant et dont l’école ne désemplissait pas, ne voulait tout de même pas habiter le même village que le roi et préférait toujours habiter dans un autre village à prolixité avec ses élèves pour éviter que la quiétude que requièrent les études ne soit perturbée par l’ambiance de la cour des rois. C’est ainsi, par exemple qu’il fonda son propre village à côté de celui du roi (Souguère) qu’il baptisa Mbacke-Cayor.

Quant à la sainte mère du Cheikh, le fils et biographe de Bamba, je veux nommer Cheikh Mouhamadoul Bachir la décrit ainsi :

“Sa mère, Diaratoullah, Maryam Bousso, était pieuse, chaste et fidèle. Toute soumise à son Seigneur, elle accomplissait très fréquemment la prière, le jeune du Ramadan, et l'aumône légale, et tenait à s'acquitter sincèrement des devoirs que la religion lui imposait à l'égard de Dieu et de son conjoint, le Cheikh imam. Elle éduquait ses enfants de manière à développer en eux la bienveillance, le sentiment religieux et la pureté morale. Souvent elle leur racontait les histoires des pieuses gens afin de les inciter à suivre leur exemple. Doué d'une intelligence étonnante et d'une nature pure, notre Cheikh écoutait attentivement ces histoires et les apprenait par cœur. En plus, il se mettait à imiter les saints hommes avant même qu'il atteignit l'âge de la maturité.

Un parent digne de confiance m'a raconté qu'il [Ahmadou Bamba] avait entendu Diara dire qu'il était dans les habitudes des pieuses gens de prier durant la nuit. Ayant appris cela, notre Cheikh se mit à prier dés que la nuit tombait, et sorti sur la place du village pour méditer dans l'obscurité de la nuit, comme le font les dévots.

Regarder comment Dieu s'occupa si soigneusement de notre Cheikh en lui faisant prendre de bonnes habitudes avant même l'âge adulte. Il ressemblait à celui dont Al-Busary a dit: "Tout jeune, il accoutuma à la dévotion et à la solitude, "ce qui est la conduite des hommes distingués"”. Al-Busary parle ici du Prophète (PSL).

Regardons comment la comparaison de Cheikhoul Bachir est judicieuse. La vie et les qualités du Cheikh ressemble à celles de Mouhamed (PSL) même à l’âge d’avant l’école coranique. Une preuve encore une fois que nul n’a suivi sa vie durant la tradition prophétique, mieux que Cheikh Ahmadou Bamba.

Né en 1270 ou 1272 Hijri soit 1851 ou 1853 à Mbacke Baol, le Cheikh a fait ses humanités auprès de son oncle maternel Mouhamad Bousso qui l’initia au Coran avant de le confier à son propre oncle, c'est-à-dire au grand père de Cheikh, Tafsir Mbacke Ndoumbé.

Selon le compagnon et biographe du Cheikh Bamba, Cheikh Mouhamadou Lamine Diop Dagana, dans son livre Irwau Nadim (Abreuvoir du Commensal) :

« Le Cheikh Ahmadou Bamba resta auprès de son père et poursuivi son instruction au point de briller dans toutes les disciplines islamiques. Pendant ce temps il fréquentait Khadi Madiakhaté Kala, le Cadi du Damel qui fût un érudit réputé notamment pour l’excellente qualité de sa poésie Ahmadou Bamba le fréquentait pour approfondir sa connaissance de la langue Arabe. Parfois, il lui montrait des poèmes qu’il avait composés afin qu’il vérifia leur conformité aux règles de la grammaire, de la lexicographie et de la métrique. Parfois il y décelait des fautes, parfois non. Leurs relations continuèrent ainsi jusqu’à ce que l’élève surpassât le maître dans l’art de la poésie. De sorte que les efforts du maître portant naguère sur la correction des poèmes de l’élève, visaient désormais à leur apprentissage par cœur».

Le Cheikh a également fréquenté un savant maure du nom de Muhammad al Karim des Banî Dayman pour y apprendre la rhétorique et la logique.

S’étant aperçu de l’excellence de la maîtrise de beaucoup de disciplines, notamment littéraires et religieuses de son fils, Mame Mor décida de lui confier l’enseignement dans le centre islamique qu’il dirigeait.

C’est pendant cette période que le Cheikh commençait à écrire des livres dans des domaines variés que la jurisprudence islamique (Fiqh), le Soufisme (Tassawuf), la Théologie (Tawhid), les règles de bonne conduite, la grammaire etc.…On dit même que certains livres écrits par le Cheikh ont été enseigné à des étudiants par son père Mame Mor Anta Saly.

Mame Mor disparu en 1300 Hijir (1882). L’auteur de Irwau Nadim affirme qu’il a entendu le Cheikh dire qu’il a récité tout le Coran auprès de son père agonisant.

Permettez-moi de vous lire cette partie de la biographie du Cheikh par Cheikh Mouhamadou Lamine Diop Dagana. Cet extrait va nous permettre de mieux comprendre la vision du Cheikh, son comportement, tout au long de sa vie.

Cheikh Mouhamadou Lamine Diop écrit : «…Ahmadou Bamba accompagna le cortège qui transporta la dépouille mortelle de son père jusqu’à Dékhelé. Au cour du trajet, certains cavaliers lui proposèrent leur monture. Mais il leur répondit qu’il préférait marcher. La foule immense réunie pour assister aux funérailles choisit pour diriger le service funèbre Serigne Taïba Muhammad Ndoumbé Mar Syll. Le service achevé, Serigne Taïba donna à la foule l’ordre d’observer le silence et prononça une oraison funèbre dans laquelle il présenta ses condoléances à la famille du défunt et s’adressa particulièrement à Ahmadou Bamba en ces termes :

-          «  Où est Serigne Bamba ? (c’est ainsi qu’on l’appelait alors) Ahmadou Bamba, qui se trouvait à l’extrémité de la foule, répondit et se leva ».

-          « Rapproche-toi !» 

Il se rapprocha de l’orateur de façon à pouvoir le voir, l’entendre et lui répondre sans lever la voix (il s’abstint d’avancer encore afin de ne pas déranger l’assistance).

-          « Rapproche-toi encore ! »

-          Je t’entends bien

L’orateur lui présenta ses condoléances avant de poursuivre :

-          « Je voudrais que tu nous accompagnes d’autres dignitaires et moi parmi les collègues de ton père chez le Damel afin que nous lui présentions nos condoléances, car le défunt était son ami intime, son guide et conseiller personnel, et que nous te recommandions à lui pour te permettre d’occuper auprès de lui la même place que ton père et de jouir des mêmes bonheurs » ;



-          « Je vous remercie pour vos condoléances et conseils. Pour ce qui concerne le Damel, je n’ai pas l’habitude de fréquenter les monarques. Je ne nourris aucune ambition à l’égard de leurs richesses et ne cherche des honneurs qu’auprès du Seigneur suprême ». Ces propos semèrent le désarroi au sein de la foule. Les pieux furent étonnés de voir un de leurs fils tout jeune transcender les futilités et oser critiquer implicitement ceux qui ambitionnaient les richesses terrestres. Les gens du commun furent étonnés de le voir se détourner d’un prestige gratuit. De plus, ils le considèrent comme un déséquilibré.



     L’attitude de ces deux groupes lui inspira deux très beaux poèmes. Dans l’un d’eux il dit :       « Puisque j’ai détourné mon regard d’eux, ils m’ont traité d’aliéner »

Et dans l’autre:

«  Penche vers les portes des sultans, m’ont-il dit,Afin d’obtenir des dons qui te suffiraient pour toujours.Dieu me suffit, ai-je répondu, et je me contente de lui,Et rien ne me satisfait sauf la religion et la science.Je ne crains que mon Roi et n’espère qu’en Lui, Car Lui, le Majestueux m’enrichit et me sauve…. »







Genèse du Mouridisme

Après le rappel à Dieu de Mame Mor Anta Saly, Cheikh Ahmadou Bamba hérita de l’école de son père. Il continua à dispenser l’enseignement classique comme du vivant de  son père.

Quelques mois après, il confia la direction de l’école à Serigne Dame Abdourahmane LO pour entreprendre une quête spirituelle à travers le Sénégal avant de se rendre en Mauritanie.

A l’époque, la Mauritanie était l’un des centres spirituels les plus puissants du monde arabe et les savants maures étaient réputés pour leur érudition. Il a rencontré durant cette quête, des savants de toutes obédiences : QuadriyaTidjaniya et Chadiliya et a adopté temporairement leur Wird.

Dès son retour, il commença à voir le prophète (PSL) en rêves qui lui donna des directives.

Le vendredi 27, Ramadan 1302 H qui correspond à 1882/1883, Cheikh Ahmadou Bamba réunit les élèves et les enseignants de l’école pour leur annoncer que le prophète (PSL) lui avait ordonné d’éduquer les disciples qui s’étaient rattachés à lui par la purification de l’âme et la réalisation spirituelle :

« Il m’a recommandé d’initier les disciples par la  purification (Tahliya) avant de les réaliser par la perfection (Takhliya) ».

L’éducation spirituelle sera désormais axée sur l’action et le savoir. Ce sera la voie du Mouridoullah, ceux qui aspirent à l’agrément d’Allah. Certains qui étaient présents restèrent perplexes devant la déclaration du Cheikh qui demanda à ceux qui voulaient se rattacher à lui de faire acte d’allégeance (Diébelou).

Le premier à réagir fut Cheikh Adama GUEYE, suivirent Cheikh Ibra SARR, Cheikh Massamba DIOP, Cheikh Dame Abdourahmane LO, Cheikh Mbacké BOUSSO…

D’autres grandes figures mourides suivront plus tard, parmi lesquels l’éminent Mame Cheikh Ibrahima Fall, dont le dévouement, l’attachement au Cheikh et le respect scrupuleux des règles de bonnes conduite envers lui, feront qu’il sera appelé « Babul Mouridina ».

Cependant la majorité des étudiants de l’école s’en allèrent vers d’autres écoles pour continuer l’enseignement traditionnel car ils n’avaient pas compris ce que le Cheikh offrait sur le plan de la réalisation spirituelle.

Le Mouridisme était alors né, basé sur la quête de Dieu par la voie de la Sunnah et de la Perfection spirituelle. Comme l’avait recommandé le Prophète (PSL) au retour de la guerre sainte de Badr : « Nous voilà de retour de la petite bataille vers la grande bataille », il voulait dire celle contre l’âme charnelle. La guerre sainte contre les vices de l’avarice, du mensonge, de la calomnie, de l’orgueil, et de tout ce que peut nuire à autrui. Et s’appuyant sur une formidable philosophie qu’est la khidma.

L’enseignant-chercheur Serigne Saliou Salam la définit comme étant la doctrine soufie du Cheikh qui consiste à être au service de Dieu et de son Prophète Mouhamad (PSL). Par la pratique spirituelle, l’écriture d’innombrables panégyriques, de Salat Ala Nabi etc…Mais être au Serviteur du Prophète (PSL) veut aussi dire pour le Cheikh se met en tout temps et en tout lieu au service des musulmans et de l’humanité toute entière, dans le sens de les sauver, de leur être utile. Et le Cheikh a fait siennes ces paroles du Coran: « Wa maa arsal naaka illaa rahmatan lil Alamina ». C’est pourquoi il prie le Seigneur dans ses Qassaids : « Ya maalikal Moulki, Yaa man Dialla An Khawadin, Irham Diami Al Wara, Yaa Hadi yan Rada Aa ».

Serigne Saliou Salam dira que la Khidma des talibés se devra d’être une contribution à la Grande Khidma du Cheikh Ahmadou Bamba. En étant constamment en quête de Dieu et la de spiritualité, par l’exemple du Cheikh et d’être au service de la communauté musulmane et finalement de l’humanité toute entière. Je donnerai plus tard des exemples éloquents sur la vocation du Mouridisme d’être au service de Dieu en étant au service des créatures de Dieu.

Démarrée avec un petit groupe de disciples, dans des difficultés inimaginables à l’image des premiers sahabas du Prophète (PSL), la Mouridiya du Cheikh Bamba ne tarda pas cependant à connaitre l’adhésion des foules qui accoururent vers le fondateur pour lui prêter allégeance.

L’engouement des nouveaux talibés mourides et leur dévouement envers leur Cheikh, les débarrasseront de tout complexe, de toute crainte des Tieddo de l’époque et de toute autres autorités.

Cette foule n’étant pas seulement composée du bas peuple comme on le dit communément, mais des membres de familles des rois déchus du Cayor, du Djolof, du Baol etc…

En 1884 Cheikh Ahmadou Bamba fonde son premier village non loin de Mbacké et lui donna le nom de Darou Salam (Demeure de la Paix) où naîtront ses fils ainés Serigne Mouhamadou Moustapha et Serigne Fallou.

En 1888, la cité de rêve est fondée sous le nom de Touba.

Il écrit : " c’est une cité exclusivement bâtie pour adorer DIEU, respecter le pacte que les hommes ont signé avec DIEU, mener sur terre une vie saine dans le respect du Coran et de la tradition de MOUHAMMAD (PSL) le plus illustre des envoyés d’ALLAH. "

Dr Cheikh Gueye reviendra plus amplement sur cette ville de TOUBA dans l’exposé à suivre.

A cette époque donc, les Tieddo qui ont vu leur autorité remise en cause par les populations mourides ont vite fait de prendre le Cheikh Bamba comme étant l’ennemi à abattre. Et ils ne tardèrent pas à user de tous les moyens, essentiellement la calomnie pour essayer de le mettre en mal avec le pouvoir colonial qui avait défait leurs souverains.

Et le pouvoir colonial qui venait de sortir d’une longue et douloureuse période marquée par la vaillante résistance armée des africains avait pensé en avoir terminé avec la mort de Lat Dior en 1886.

L’émergence d’une nouvelle force, qui de surcroit comptait dans ses rangs d’anciens dignitaires des régimes déchus parmi lesquels un cousin de Lat Dior, lesquelles dignitaires selon les français nourrissaient un esprit de revanche et ne cherchait qu’à utiliser la force naissante dont disposait le Cheikh pour assouvir leur vengeance.

Ce serait trop long de revenir en détails sur toutes les péripéties qui ont amené le pouvoir colonial français à accuser le Cheikh de préparer la guerre sainte contre lui et à chercher à s’emparer du pouvoir temporel.

Ces accusations aboutirent à l’arrestation du Cheikh Ahmadou Bamba, le samedi 18 Safar 1313, (le 10 août 1895) à 14h à Djéwal (actuelle région de Louga) par un détachement des autorités coloniales françaises. Il est exilé après un procès inéquitable, tenu dans la salle de délibération du Conseil Privé, sise dans la Gouvernance de Saint-Louis le 05 septembre de cette même année 1895. A l’issu de ce jugement sans appel, le Conseil Privé décida « à l’unanimité, après avoir entendu les rapports de M. MERLIN et LECLERC, et fait comparaître Ahmadou Bamba, qu’il y avait lieu de l’exiler au Gabon jusqu’à ce que l’agitation causée par ses enseignements soit oubliée au Sénégal ». (Sources : rapport du Conseil Privé, août 1895).

Il quitta son pays, le 20 septembre 1895 seul, laissant derrière lui sa famille, ses fidèles vers l’inconnu de l’exil dans un environnement hostile de l’Afrique équatoriale.

Notons que le Cheikh écrira dans un de ses poèmes que dans le bateau qui l’amenait vers l’exil Dieu Le Tout Puissant lui a fait savoir qu’il était le Serviteur Attitré du Prophète Mouhamed (PSL) :

علمني الرحمن في السفينة       بأنني خديم ذي المدينة



L’exil au Gabon durera SEPT longues années.

Rappelons que ce même Conseil expédiera plus tard le guinéen l’Almamy Samory TOURE dans ce même pays forestier du Gabon où il succombera suite à une épidémie. Avant sa mort il demandera au Cheikh El Khadim de faire la prière mortuaire pour lui, même à distance.

Je ne vais pas m’étendre sur les péripéties de l’exil car le temps ne nous le permettrait pas. Je vais juste brosser quelques grandes autres dates de la vie du Cheikh pour nous rafraîchir la mémoire sur son parcours historique.

En 1902, Cheikh Ahmadou Bamba revient au pays à bord du bateau Cap Lopez après son exil au Gabon. Il fût accueilli triomphalement par une foule nombreuse et enthousiaste. Son prestige est décuplé et l’adhésion des sénégalais au Mouridisme devient massive. Tout le contraire de ce que le conseil privé avait souhaité « l’exiler au Gabon jusqu’à ce que l’agitation causée par ses enseignements soit oubliée au Sénégal ».

Mais son séjour dans le pays sera de courte durée car il est à nouveau déporté vers la Mauritanie en 1903 pour 5 ans, avant revenir à nouveau au Sénégal mais en résidence surveillée au Djolof pendant 5 ans puis à Diourbel à partir de 1912 où il restera jusqu’à son rappel à DIEU le 19 Juillet 1927, au bout de 15 années de résidence surveillée à Diourbel. Suivant son vœu le plus cher, il fût enterré dans la terre sainte de TOUBA.

Nous arrivons au terme de cette première partie de notre exposé sur l’historique du Mouridisme à travers le parcours de son fondateur et guide suprême. Bien entendu, comme tout le Monde l’aura compris, nous avons voulu évoquer certains faits historiques pour bien camper notre thème d’aujourd’hui. Loin de nous donc la prétention d’être exhaustif.

Je termine cette partie par vous raconter un fait qui apporte un éclairage exceptionnel de tout ce que nous venons d’évoquer.

Cheikh Mouhamadoul Bachir, 4e fils et biographe du Cheikh Ahmadou Bamba, raconte dans son livre Minanil Bakhil Khadim qu’en 1913 un nouvel administrateur du cercle du Baol avait été nommé avec comme mission d’enquêter de manière approfondie sur les véritables déceints du Cheikh Ahmadou Bamba. Serigne Bassirou raconte que cet administrateur du nom de Lasselves, montrait un tel zèle dans son travail et un mépris envers le Cheikh, de l’arrogance et de la désinvolture au point d’entrer dans la concession du Cheikh à toute heure par des portes dérobées. Les fidèles en étaient tellement indignés qu’ils en appelaient au Cheikh pour invoquer Dieu afin que cet administrateur ne l’importune plus. Le Cheikh leur disait alors de ne pas s’en faire car Dieu avait voulu que ce soit le colonisateur qui allait lever lui-même ses propres accusations sur lui.

Après son enquête qui a duré plus de 2 ans, Antoine Jean Martin Arthure Lasselves écrit, entre autres dans son rapport, je le cite :

«  Ce Cheikh Bamba détient certes une puissance innée dont la raison ne parvient pas à saisir la source et expliquer la capacité de forcer la sympathie. La soumission des hommes à lui est extraordinaire et leur amour pour lui les rend inconditionnels…

…Il semble qu’il détient une lumière prophétique et un secret divin semblable à ce que nous lisons dans l’histoire des Prophètes et leurs peuples…

… Celui-là [le Cheikh] se distingue toutefois par une pureté de cœur, par une bonté, une grandeur d’âme et un amour du bien aussi bien pour l’ami que pour l’ennemi. Qualités dans lesquelles ses prédécesseurs l’auraient envié, quelque grande que fussent leurs vertus, leur piété et leur prestige…

Les plus injustes des hommes et les plus ignorants des réalités humaines sont ceux qui avaient porté contre lui de fausses accusations consistant à lui prêter l’ambition du pouvoir temporel.

Je sais que les Saints et les Prophètes qui ont mené une guerre sainte l’ont fait sans disposer de la moitié de la force dont dispose ce Cheikh… »

Rappelons-nous ce que le Cheikh avait dit lors des funérailles de son père. Et rappelons-nous le rapport accusateur de MERLIN et LECLERC lors du procès de Saint-Louis en 1895. Et comparons ces deux événements à ce texte de 1915. En réalité, la vérité finit toujours par triompher!

Venons en maintenant et très rapidement au second aspect de notre exposé. Exemples de quelques leçons que nous pouvons tirer de la vie et de l’enseignement du Cheikh Ahmadou Bamba pour nous montrer l’universalité de son message.

1°) Parlons d’abord du Cheikh et le Savoir. Je crois que devant des étudiants d’une grande école de formation, l’évocation de son extraordinaire capacité à acquérir le savoir dans tous les domaines ainsi que sa production en livres de toutes sortes et de qualité mérite d’être faite. Nous avons dit que très tôt il a composé des livres en sciences islamiques que même son père a tenu à enseigner lui-même aux propres frères du Cheikh. Je veux parler de Mame Thierno et de Serigne Afé. Je salue au passage l’utilisation du « Kun katimane » du Cheikh comme viatique dans cette école.

2°) Autre leçon à tirer du Cheikh, c’est qu’il a redonné à l’homme noir toute sa dignité et sa fierté. Nous le savons tous, beaucoup d’africains ont souvent nourri un complexe d’infériorité aussi bien vis-à-vis de l’homme blanc occidental mais aussi de l’arabe. Et même pour certains musulmans, aucune œuvre aussi belle soit elle ne mérite considération du moment que c’est écrit par un noir. C’est d’ailleurs ce qu’avaient compris les colonialistes français au point de penser qu’en déportant le Cheikh Ahmadou Bamba en Mauritanie, ses fidèles n’auraient pas manqué de s’y rendre pour le voir. Et ils espéraient qu’avec la présence des grands Cheikh Arabes les talibés de Bamba allaient le laisser tomber pour les arabes. C’est tout le contraire qui s’est passé. Beaucoup de mauritaniens sont devenus à leur tour des fidèles du Cheikh. Au point de se rendre plus tard à Diourbel pour lui rendre visite. Jusqu’à aujourd’hui le phénomène continue, surtout lors des Magals à Touba.

En écrivant très tôt dans son Massalikul Jinane (« Les itinéraires du Paradis ») :

« Ne te laisse pas abuser par ma condition d'homme noir pour ne pas en profiter »

« L'homme le plus estimé auprès d'ALLAH, est celui qui le craint le plus, sans discrimination d'aucune sorte »

« La couleur de la peau ne saurait être cause de l'idiotie d'un homme ou de sa mauvaise compréhension ».

Cheikhul Khadim annonçait clairement sa volonté de redonner à l’homme noir sa dignité et sa fierté, en lui demandant de croire en ses propres capacités et mérites contrairement à ce que le pouvoir colonial de l’époque lui avait fait comprendre. En cela le Cheikh est un précurseur du mouvement d’émancipation de l’homme noir, bien avant Césair, Senghor ou Léon Damas.

3°) Parmi les leçons à tirer de la vie du Cheikh, j’en arrive maintenant à la thématique de la résistance culturelle et pacifique. Là aussi on peut dire que, avant Ghandi en Inde ou Martin Luther King aux Etats Unis, le Cheikh a théorisé et réussi (je donnerai des quelques exemples) la résistance à l’oppression par la guerre sainte de l’âme, la résistance culturelle par la paix et le pardon.

En effet ayant vu ce qui s’est passé avec les grands résistants africains, qui malgré leur mérite et leur bravoure n’ont pu réussi à repousser la puissance militaire et politique des colonisateurs, Cheikh Ahmadou Bamba a compris qu’il fallait résister autrement et parier sur une réussite dans le temps.

Il n’a pas choisi cette forme de résistance parce qu’il avait peur ou qu’il n’avait pas les moyens de faire autrement. On l’a vu tout à l’heure avec le témoignage de Lasselves : « Je sais que les Saints et les Prophètes qui ont mené une guerre sainte l’ont fait sans disposer de la moitié de la force dont dispose ce Cheikh… ».

Tout le monde sait que la colonisation française, en plus d’être un accaparement des richesses africaines par la force militaire et politique, était aussi un système d’aliénation religieuse et d’assimilation culturelle.

Cheikhul Khadim savait et le disait, le pays allait recouvrer son indépendance politique tôt ou tard. Mais si les peuples colonisés ne résistaient pas à la volonté dominatrice du colonisateur d’imposer sa religion, sa culture sa civilisation…les peuples n’allaient jamais retrouver l’indépendance de l’âme, de l’esprit, finalement l’indépendance la plus importante.

Le Cheikh a donc entrepris d’éduquer et de former les masses à s’enraciner dans leur religion et leur culture, à être fières de ce qu’ils sont. Le résultat en est que aujourd’hui le mouride est reconnaissable par son langage policé et respectueux, le port vestimentaire et bien d’autres aspects typiquement islamiques et africains.

Je dis donc que le Cheikh avait réussi sa résistance pacifique face aux français. Si je prends seulement le côté vestimentaire, dès qu’on évoque certains types d’habits cela fait penser aux mourides.

Le « Tourki Ndiarèm », le « Baay Laat », le « Serigne Chouhaibou »…Ces deux derniers évoquent comme nous le savons deux fils du Cheikh qui portaient presque exclusivement ces types d’habits. Et les talibés en ont fait une mode.

Quand les occidentaux disent que leur civilisation est celle moderne et universelle, et que tout le monde devrait se mettre en costumes cravates ou en Jeans pour être comme on dit « branché ». Ce n’est pas seulement une question culturelle innocente, mais un enjeu majeur de business et de commerce international. Le « Branchement » en question n’est qu’une tentative intelligente de pousser tous les peuples à acheter leurs produits. Ce qui va bien entendu dans le sens de leurs propres intérêts.

Je vais vous raconter une anecdote, j’avais un collègue tunisien à Shell où j’ai travaillé pendant 10 ans, entre autres comme directeur informatique, ce collègue était en expatriation au Sénégal pendant près de 5 ans. Un jour il m’a posé la question : « Mais Cheikh pourquoi tu es toujours en tenu traditionnelle ? ». Je lui répondu alors par une boutade « C’est parce que je veux aider à équilibrer la balance commerciale du Sénégal ». Il a alors rigolé en me disant que ma réponse était trop philosophique.

Quand Thomas Sankara a fait la promotion du « Fasso Dan » ou quand Mandela porte ses chemises bariolées faits par des africains, je les trouve très en phase avec ce le Cheikh Bamba nous a enseigné nous mourides.

Je ne dis pas qu’il faille rejeter tout ce qui vient de l’occident ! Loin de la dans mon esprit. On peut tout à fait prendre d’eux tout ce peut être positif. Le prophète (PSL) n’a-t-il pas dit : « AlHikmatou Dalatul Mouminine, Anna wadia daha Fahouwa Mawlaa Ha… ». (« La sagesse est le bien du croyant, il la prendre partout où il la trouve ».

L’Ipad que je suis en train d’utiliser est conçu en occident, et bien sûr, dans bien des aspects en Chine. Mais L’enjeu majeur et stratégique demeure l’appropriation par nous africain et musulmans du contenu, en y étant présent par notre culture, nos valeurs etc.…Certes certains efforts sont faits mais le gros du travail reste. C’est l’occasion ici de lancer un appel aux étudiants pour leur dire que la résistance culturelle de Cheikh Ahmadou Bamba reste toujours d’actualité et elle passe nécessairement par la maîtrise des nouvelles technologies. Non pas par leur utilisation uniquement, mais par la création de contenus de qualité par le développement d’applicatifs adaptés.

4°) Le dernier exemple des leçons que nous tirons de l’enseignement du Cheikh est que celui-ci a poussé ses fidèles à faire du travail une adoration divine, « Ligèèy thi diamou Yalla la bok ». Son but était de les pousser à être autonomes pour pouvoir garder leur dignité et préserver également leur spiritualité. Comme disent les wolof « Koula Amal, Manal la » (« Celui qui te donne, aura un pouvoir sur toi ».

L’ardeur au travail des mourides, leur optimisme envers Dieu et envers leur guide Cheikhul Khadim décuple leur capacité d’initiative, d’entreprendre et de prise de risques.

Certains pourraient dire que le Mouridisme applique le libéralisme. Non dois je dire, ils appliquent l’enseignement du Cheikh sur la valeur du travail, mais contrairement au libéralisme, la richesse n’est pas une fin en soit. Autant le travail est valorisé dans le Mouridisme, autant en même temps le partage, la générosité sont intimement liés au Mouridisme. La contribution désintéressée à toute œuvre islamique ou tout qui peut être utile à l’humain est tous les jours pratiquer par les talibés. En ce sens des socialistes pourraient eux aussi penser que les mourides pratiquent certaines de leurs théories.

Comme je le disais lors du mon intervention au du forum d’avant Magal de Touba, dans les années 20, pour éviter une dévaluation du franc français à l’époque, les autorités coloniales avaient besoin de contributions financières dans tout l’empire colonial. La seule contribution du Cheikh qui était de 500 000 FF dépassait toutes les autres contributions recueillies dans l’Afrique Occidentale Française. Le Cheikh avait fait ce geste dans un souci d’être utile aux populations qui n’auraient pas manqué de souffrir d’une dévaluation du FF.

Il y a quelques mois, l’actuel Khalif Cheikh Sidy Moukhtar a débloqué un (1) milliard de Fcfa pour soutenir le gouvernement face aux inondations. S’il avait demandé que cette somme soit utilisée à Touba qui a été durement touché, personne n’y trouverait à redire, mais cette contribution était destinée à toutes les victimes du Sénégal, sans discrimination.

Oui, on l’oublie très souvent, le financement de certaines infrastructures par les Mourides eux-mêmes rend un grand service à tous les Sénégalais. En effet, la construction par exemple de l’hôpital Matlabul Fawzayni par les talibés à la place du gouvernement à hauteur de six (6) milliards a permis à l’Etat d’être en mesure de pouvoir satisfaire les demandes en centres de santé et en dispensaires dans la ville sainte de Touba.

Cheikh Fatma Mbacke,
Ingénieur informaticien, 
Imam à la Mosquée de Serigne Moustapha Bassirou Mbacke, Au Golf Nord Hamo 4

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