
D’emblée
nous partons du postulat de base qu’il est clair que le fait que les
populations africaines n’aient pas adhéré en masse à ces festivités
montre qu’il y’ a un désenchantement réel des gouvernants et des
politiques. Il est sûr que si on n'a pas régressé on n’a pas avancé du
tout. Il est particulièrement dramatique que dans les bas-fonds de
L’Afrique ; les paysans et ruraux se désolent et se demandent,
nostalgiques parfois, quand est ce que le toubab serait de retour !
L’on
croyait que les intellectuels africains allaient sortir le continent
de la servitude mais en fin de compte ils se sont révélé parfois les
pires ennemis des peuples de connivence avec la classe militaire. Très
tôt la liesse des populations indépendantes s’est transformée en
désappointement total. Il est vrai que les pères des indépendances comme
Nkrumah, Nyerere, Sékou Touré, Amilcar Cabral, Modibo Kéita, furent
des visionnaires mais très vite, le continent sera secoué par une
kyrielle de crises politico-militaires.
Cette
situation d’instabilité politique ambiante et permanente qui prévaut
fut une des causes pour laquelle le continent sombre aujourd’hui dans
une situation invariante de marasme économique. Les choix et les
stratégies politiques en matière économique conçus non sur des bases
objectives prenant compte des réalités socio- culturels, n’ont résistés à
la crise des années 80. Ainsi les Programmes d’Ajustements Structurels
imposés par les institutions de Breton Wood aux Etats ont révélé au
grand jour leur limite à l’avènement de cette crise.
En
un mot l’instabilité politique n’a pas permis aux Etats de créer et de
redistribuer les richesses. Et quand il y ‘a eu une lueur d’espoir
cela ne dura point … c’est le cas par exemple de la politique
d’authenticité initiée par un leader comme thomas Sankara. Au début des
années 90 un vent de démocratie souffla légèrement sur les pays à
travers l’organisation des conférences vives des nations qui devraient
permettre de tourner définitivement le dos à la dictature, à
l’autocratie et surtout au monopartisme. On aurait pensé dans un
premier temps que le continent profiterait de cette nouvelle forme de
gouvernance pour instituer des projets porteurs de développement mais
hélas ; Les programmes de société ne comblent pas toujours les attentes
des peuples.
Au bout du compte ce fut un
échec total…. Faible niveau de vie, difficile accès à l’eau et aux
soins de santé. Une éducation inadaptée a nos valeurs négro-islamiques,
une démocratie à géométrie variable, une misère sociale ineffable.
Parallèlement, les défis socioéconomiques se posent avec acuité et ne
cessent de se complexifier.
Devant cette sinistre représentation … la question est de savoir …Que dire de la pensée de Cheikh Ahmadou Bamba ?
Et si l’on essayait l’idéologie de Serigne Touba au lieu de Keynes ? Et
si l’on regardait du côté des 7,5 tonnes d’écrits pour voir les
solutions d’un développement endogène, durable …
Cette
assertion ; venant de moi Serigne Khadim Lô, peut prêter à
interrogations. L’on pourrait m’apposer le fait que j’aime Serigne Touba
de telle sorte qu’il est l’alpha et l’oméga de toutes mes pensées …
c’est vrai ! J’assume ! … nonobstant cette idée, objectivement je ne
suis pas le seul à le soutenir urbi et orbi …Edem kodjo, un intellectuel
affirmé de L’Afrique Noire n’a-t-il pas soutenu que L’Afrique serait
développée si les politiques de développement étaient basées sur
L’idéologie de Cheikh Ahmadou Bamba.
«
Travail comme si tu ne devais jamais mourir et prie ton Seigneur comme
si tu devais mourir demain. » telle est la base du mouridisme …et la
voie du salut des deux mondes pour tout homme, toute communauté, tout
pays qui se respectent !
Serigne Touba nous
a montré la voie en mettant le primat sur le travail. Ce ne sont pas
les débats politiques puérils et stériles des dirigeants qui vont
développer l’Afrique. Ce n’est qu’en travaillant, plus, encore et
davantage que l’on réussira à rattraper notre retard en terme de
croissance économique. Déjà dans Massalik Al Jinan, il déclare sans
ambages au vers 1037 : « Sache que l’abandon à Dieu n’exclut nullement
le Kasb, le travail pour gagner le pain ».
Il
renchérit plus loin en disposant que : « Le meilleur comportement est
d’allier le kasb à l’abandon à Dieu, bien qu’il y ait en cela un
apparent divorce. »
Le concept du travail et
singulièrement du travail de la terre est un substratum du mouridisme.
On ne peut pas avoir des économies qui tournent à 60% sur le secteur
tertiaire alors que la nécessaire création de richesses doit passer par
le secteur primaire.
C’est pourquoi les
mourides ont toujours investi dans le travail de la terre. Les cheikhs
de Serigne Touba ont su de bonne heure que cela était la voie pour
atteindre l’autosuffisance. Une année, c’est Maam Thierno qui avait
ravitaillé tout L’état du Sénégal en semences.
De
Cheikh Mouhamadoul Moustapha à Cheikh Saliou ; l’agriculture a
toujours eu le primat dans les activités. Des lors L’Afrique ne se
développera jamais sans une khelcomisation des terres !
La
Mouridiyya telle que établie par Cheikhoul Khadim est aussi un modèle
multiséculaire de développement humain durable et d’équité sociale.
En
inaugurant la voie du travail, Cheikh Ahmadou Bamba a montré que le
salut de l’Afrique se trouvait sous le paradigme de « Liguey, niakk,
jerigno. » ou celui « djeuf djeul».
Avec
cette philosophie basée sur le travail et l'adoration de DIEU, Cheikh
Ahmadou Bamba a mis en place un projet de société qui mérite d’être
expérimenté dans toute l’Afrique car, après tout, la cité de Touba, de
par son organisation et à travers son développement rapide, a eu à
prouver de la crédibilité de ce projet.
Par Serigne Khadim Lô Gaydel
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